mercredi 14 décembre 2011

Véronique Olmi

"Un auteur, deux courts romans, sur cette chose si fragile et si merveilleuse, parfois si cruelle : la famille."
Bord de mer :
"Dans le premier, une jeune femme emmène ses enfants voir la mer.
Ils ont pris l'autocar de nuit, en plein hiver, et les petits s'inquiètent de rater l'école. La ville est hostile, l'hôtel lugubre, le froid perçant et la pluie tombe sans discontinuer. Mais il faut y croire, coûte que coûte, pour les enfants... jusqu'où ?"

Une histoire qui tient en 80 pages mais je l'ai lu en plusieurs fois pour ne pas me laisser ensevelir par le désespoir de cette femme. Dès les premières lignes on comprend où Véronique Olmi veut nous emmener mais on espère tout au long que ce sera moins tragique.
Elle réussit, avec une justesse incroyable, à traduire des pensées les plus douloureuses, les plus incompréhensibles de cette maman désemparée...
Un livre dur, sur un sujet qu'il faut avoir le courage d'affronter. Un tout petit livre qui vient bouleverser le quotidien.
Un grand bravo à Véronique Olmi pour avoir osé, et surtout pour l'avoir si bien fait.
 "La nuit je dors mal. L'angoisse. Je pourrais pas dire de quoi. C'est quelque chose de posé sur moi...comme si on s'asseyait sur moi, exactement. Je suis là pour personne. On est assis sur moi. Qui peut comprendre ça? La nuit on m'étouffe."
"Il faut se raisonner. C'est ce qu'ils disent. D'ailleurs toutes leurs phrases commencent comme ça : il faut. Moi, j'entends : une faute, une faute, une faute."

Numéro six :
"Véronique Olmi nous plonge ensuite dans l'intimité de Fanny. Lorsqu'elle est née, elle avait déjà cinq frères et sœurs bien plus âgés. Pour son père, autoritaire et lointain, elle n'est que le numéro six.
C'est l'amour de celui-ci qui sera la quête éperdue de la petite fille, de l'adolescente, puis de la femme
."

Une autre court roman de Véronique Olmi, où elle traite, une nouvelle fois avec beaucoup de justesse, des sentiments d'une fille pour son père. Une quête d'amour et de reconnaissance, pour un père, autoritaire, blessé par la guerre et ne montrant jamais ses sentiments. 
"Moi, quand elle est morte, j'ai pensé que c'était mon tour. J'allais te redonner le goût de vivre, nous allions avoir notre temps. J'étais prête pour le début de notre histoire. Tu n'étais déjà plus là."

dimanche 4 décembre 2011

"La couleur des sentiments" de Kathryn Stockett

"Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui ‘la élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.


Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
"

Ça fait déjà un moment que je l'ai terminé mais je n'arrive pas à me lancer dans mon message...pas envie! Peut-être que tout à déjà été dit dans les nombreuses critiques comme ici sur babelio où l'on en trouve 114 !!
Je préfère n'en garder que quelques citations :

"C’est depuis la nuit des temps que les Blancs empêchent les Noirs de dire ce qu’ils pensent...

"Moi je m'occupe des bébés des Blancs, voilà ce que je fais, et en plus, de tout le boulot de la cuisine et du ménage. J'en ai élevé dix-sept de ces petits, dans ma vie. Je sais comment les endormir, les calmer quand ils pleurent et les mettre sur le pot le matin, avant que les mamans aient seulement le temps de sortir du lit. "

"J’ai envie de crier assez fort pour que Baby Girl m’entende, de crier que sale, c’est pas une couleur, que les maladies, c’est pas les Noirs. Je voudrais empêcher que le moment arrive –comme il arrive dans la vie de tout enfant blanc – où elle va se mettre à penser que les Noirs sont moins bien que les Blancs."

"J'en revenais pas de m'apercevoir que le monde était toujours là, qu'il s'était pas éteint comme ça, parce que mon garçon était mort."

"N’était ce pas le sujet du livre ? Amener les femmes à comprendre. Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru."

Et une belle Histoire :
"- Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extra-terrestre. (…) Un jour, un martien plein de sagesse descendit sur la Terre pour nous apprendre une ou deux choses.
- Un martien ? Grand comment ?
- Oh environ deux mètres !
- Comment il s’appelait ?
- Martien Luther King. (…) C’était un très gentil martien ce Luther King, exactement comme nous, avec un nez, une bouche et des cheveux sur la tête, mais les gens le regardaient parfois d’un drôle d’air, et je crois qu’il y en avait qui étaient carrément méchants avec lui.
- Pourquoi Aibi ? Pourquoi ils étaient méchants avec lui ?
- Parce qu’il était vert."

samedi 19 novembre 2011

"Les tilleuls mentent" de Muriel Batave-Matton

"Jeune universitaire, Sébastien a tout pour réussir et croquer la vie à pleines dents. Quelle mouche le pique alors de vouloir s'installer seul, dans la campagne corrézienne avec son chien et sa chatte, insensible aux interrogations et aux remarques de ses amis ?"

Muriel Batave-Matton, née en 1957, est professeur de Lettres dans un collège du Tarn à Albi. En 2009, suite au décès de sa mère, elle découvre les vertus thérapeutiques de l'écriture et signe coup sur coup, deux récits autobiographiques, Des mots sur mes maux et Si tu l'as mérité Gagnée par le virus de l'écriture et encouragée par ses proches, elle publie avec Les tilleuls mentent son premier roman.

Une petite bulle de douceur et une étincelle de bonheur. Voici ce que je ressens à refermant ce livre.
C'est un tout petit livre pour une petite heure d'évasion au coin du feu.
L'écriture de Muriel Batave-Matton est douce et simple. Elle nous introduit discrètement dans le vieille maison de Corrèze avec Sébastien. On s'attache vite à ce personnage que l'on sent meurtri par son passé même si rien n'est vraiment dit. D'ailleurs, l'auteure va toujours droit à l'essentiel. Les ellipses temporelles prennent un peu au dépourvu au début mais on comprend bien son but de nous emmener vite là où elle souhaite...un peu comme Sébastien.
A la lecture de ce livre, on essaye de se faire tout petit pour ne surtout pas troubler le déroulement de l'histoire : le retrait de Sébastien dans son havre de paix, la rencontre avec Gaëlle et cette belle histoire d'amour. Là encore, rien d'extravagant, juste de la sincérité et des sentiments.
Et pour ne rien gâcher, quelques pointes d'humour avec les discussions entre le chien Ouaf et la chatte Socquette. Mais cette dernière est surtout la voix de la sagesse :
"Tu es riche de ce passé, de ces racines... Les souvenirs peuvent, si tu le veux, t'aider à vivre... Laisse-les t'aider et tourne-toi vers l'avenir..."

Une jolie découverte, on est tellement bien installé qu'on aimerait  rester un peu plus longtemps.
Je suis retournée avec plaisir me promener dans les rues de Vannes...un doux retour aux sources!

Merci aux Éditions Baudelaire et au site des agents littéraires pour ce partenariat. 

"Le fils interrompu" de André Miquel

"Le fils interrompu n'est pas un roman, mais un témoignage. Ce sont les pages du journal que l'auteur a tenu presque au jour le jour, pendant un an, et qui lui a permis peut-être de survivre tandis que son fils de quatorze ans, atteint d'un cancer, se mourait sous ses yeux.
C'est une longue errance entre l'épouvante et l'espoir, un cri d'amour qui, à travers la mort de l'être aimé et malgré l'horreur de cette mort, s'achève en un acte de foi.
Face à l'agonie de son fils, un père déchiré entrevoit ce que peut être la sainteté.
"

 Je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture que je viens d'achever..c'est émouvant, dur, injuste. C'est aussi un grand message d'amour d'un père pour son fils et une belle leçon de courage et de lucidité d'un enfant qui affronte sa propre mort.
Malgré tout, l'écriture n'est pas limpide et il est parfois difficile de suivre le cours de ses pensées. Cela s'explique surement par le fait que ce n'est pas un récit mais un carnet écrit au jour le jour pendant un an.
Beaucoup de jours de douleur et de souffrance, mais aussi les souvenirs d'une famille unie et très entourée, d'une enfance heureuse trop tôt interrompue.
André Miquel et son fils Pierre ont la foi, ils s'y accrochent et y trouvent des réponses pour soulager leurs angoisses face à la mort inéluctable.
Je n'ai pas réussi à m'immerger dans cette famille comme j'ai pu le faire au travers d'autres témoignages.

Ce livre à 40 ans...et pourtant aujourd'hui encore, des enfants sont enlevés à leurs parents par ce fichu cancer...

"A l'infirmière, nous le savons maintenant, il a dit : "Qu'importe ce que je deviendrai? Tout ça servira pou d'autres."".

Un portrait d'André Miquel ICI

mardi 15 novembre 2011

"La honte de la famille" de Charles Exbrayat

"Marseille, sa couleur, son soleil et le petit monde des truands embourgeoisés gravitant autour de Maspie le Grand. Un matin, on repêche dans le Vieux-Port, le corps d'un Italien que personne n'a jamais vu et pourtant, à cause de cet inconnu, Bruno risquera de perdre et Pimprenette et la vie. Des colères terribles...des serments définitifs...des amours entêtés et, de-ci de-là, quelques cadavres."

Je découvre Charles Exbrayat avec ce livre trouvé au grenier!! Il se trouve que C. Exbrayat était de Saint-Etienne et qu'il y a maintenant un prix littéraire à son nom remis lors de la Fête du livre. Bref, une vraie découverte pour une presque stéphanoise!!

La honte de la famille est une enquête policière sur fond de mafia et de trafic en tout genre. Mais c'est un polar hors du commun. L'intrigue n'est pas la principale information du livre! C. Exbrayat donne beaucoup plus d'importance aux relations familiales cocasses et aux histoires d'amour au sein de ces familles mafieuses. Le tout avec un humour improbable!
Ce livre tient plus de la fable burlesque que du roman policier. Les caricatures sont poussées à l’extrême : Maspie le Grand le mafieux, Pimprenette la petite voleuse naïve, les trafiquants corses plus féroces mais aussi plus stupides! Et les policiers qui tentent de ramener l'ordre mais qui ont, pour cela, grand besoin de la mafia!
On assiste à la déchéance des chefs de famille qui voient leurs enfants rentrer dans le rang et leurs femmes se rebeller contre cette hiérarchie qu'elles ont toujours subie.

Un livre qui se lit vite mais qui permet de passer un bon moment! C'est amusant et distrayant mais à ne pas lire pour son côté polar!

mercredi 9 novembre 2011

"Chaque jour est un adieu" de Alain Rémond

"Je sursaute à cette seule idée : d'autres gens y habitent, dans notre maison. Et ça reste complètement insupportable. Combien de temps a-t-elle été à nous ? J'avais six ans quand on s'y est installés. J'en avais vingt-cinq à la mort de ma mère, quand elle a été vendue. Pourtant, je n'arriverai jamais à en parler autrement que de notre maison. On y a été tellement heureux et parfois, aussi, si totalement désespérés, nous tous, les dix enfants. Et nos parents. J'habite loin de Trans, maintenant, depuis longtemps, mais il m'arrive de repasser devant la maison, en tremblant. Et c'est comme si je me brûlais, en approchant de la fenêtre. Parce qu'en même temps que ce bonheur, il y a eu trop de la malheur.

 Le récit d'une enfance...une véritable histoire d'amour entre des enfants et leurs parents, entre des frères et des sœurs. A cette époque, les parents n'étaient pas habitués à parler de leurs sentiments alors tout est en non-dit. Alain Rémond comprend, parfois longtemps après, ce que ses parents ressentaient.
Il nous raconte les joies et les petits bonheurs de son enfance, dans un petit village de Bretagne. Je suis d'ailleurs passée, sans le savoir, dans ce village il y a un an et je me suis promenée à l'étang de Villecartier où il jouait étant petit! 
L'enfance qui passe trop vite :
"Tous mes jours sont des adieux. Pourquoi faut-il dire adieu, dès son enfance, à tout ce qu'on aime? Pourquoi les choses se défont-elles, pourquoi tout s'en va-t-il?"

On parle de relation entre un père et un fils, de sentiments d'enfants pour leur mère, des relations complexes entre un mari et une femme qui bousculent la tranquillité et le bonheur de cette tribu.
"Il y avait entre nous ce lien si fort de la tribu, il y avait ce bonheur de partager les mêmes rires, les mêmes histoires codées, la même mythologie. Mais, à cause de cette souffrance au cœur de la famille, de cette guerre entre nos parents, nous ne savions ni les mots ni les gestes de la tendresse. De l'amour."

Alain Rémond est né dans la France de l'après-guerre. On constate l'évolution des technologies comme l'arrivée de l'eau courante dans leur maison de 3 pièces où ils vivent à 12, mais aussi les évolutions de la société et de l'éducation.

Une histoire de famille racontée d'une bien belle manière et avec beaucoup de sensibilité. Alain Rémond nous livre ses émotions à l'état brut. C'est tellement personnel qu'on se sent parfois un peu voyeur.

Un petit livre court mais intense.

mardi 8 novembre 2011

"Homme de couleur!" de Jérôme Ruillier

" Un conte-poème tout en humour et en tendresse, transmis de génération en génération par la tradition orale africaine. Il sensibilise à la différence et bouscule les idées reçues."

Un texte bien connu, qui circule dans notre société sous différentes formes. Il est ici magnifiquement illustré pour les enfants : des dessins simples, colorés et très parlants. 
Un bon moyen d'aborder la différence et le racisme avec les enfants.
A partir de 3 ans.

"Le Passager" de Jean-Christophe Grangé

"Je suis l'ombre. 
Je suis la proie. 
Je suis le tueur. 
 Je suis la cible.
Pour m'en sortir, une seule option : fuir l'autre.
Mais si l'autre est moi-même?..."

Un très très bon Grangé, peut-être mon préféré...une bonne surprise après les quelques déceptions de ses derniers romans! 750 pages de pure délice! Des enchaînements rapides et efficaces grâce aux chapitres courts, et une enquête facile à suivre malgré ses multiples facettes.
Fait inhabituel avec JC Grangé, j'ai souvent vu venir les suites. On entrevoit certains prolongements avant qu'il ne les dévoilent vraiment...on se dit qu'on est trop fort mais est-ce que ce n'est pas seulement une ruse pour mieux nous leurrer à la fin??!
J'aime beaucoup le thème encré dans la psychologie et la soif de vérité du héros qui cherche autant à sauver sa vie qu'à savoir laquelle est vraiment la sienne.
Ce récit est plus soft que les précédents. Quelques descriptions crues mais on est loin des passages très gores de la plupart de ses livres. 
L'histoire nous fait également faire le tour de la France. Grâce à ses descriptions très précises, le lecteur à lui aussi l'impression de passer d'une ville à l'autre, et ceci dans un contexte actuel et bien encré dans la réalité (de nombreuses références à des grands évènements de ces dernières années).

Un petit bémol tout de même : pour 2 ou 3 passages (notamment la fin), je me suis dit que c'était trop : trop facile, trop poussé, trop film américain.........Et il fera sans nul doute un très bon film!!

En résumé, un Grangé qui me plait par son style différent des livres précédents!

vendredi 4 novembre 2011

"Le prince Nino à la maternouille" de Anne-Laure Bondoux

"Demain, le prince Nino entre à la maternouille et plus il y pense plus il a la trouille. Alors, quand une sorcière lui propose de rapetisser sa maman pour qu'il puisse l'emmener avec lui, il n'hésite pas une seconde. Et, hop ! le voilà à l'école avec la reine dans sa poche! Mais une maman, cela n'arrête jamais de donner des conseils, et le prince Nino en a vite assez ! Comment va-t-il supporter cette première journée ?"

Une histoire douce, bien écrite avec de chouettes illustrations. Une "belle histoire" pour dédramatiser l'entrée à l'école. Un bon support qui permet à l'enfant de s'exprimer sur ses angoisses. A lire toute l'année car c'est rigolo de voir l'évolution de l'enfant dans son rapport à l'école.
C'est aussi une histoire parfaite pour les apprentis lecteurs!

"Rendez-moi mes poux!" de Pef

"Mathieu a des poux qu'il a apprivoisés grâce à une formule magique. Il coule des jours paisibles avec eux, jusqu'au jour où sa mère découvre les intrus..."

Le livre qui a marqué ma jeunesse, enfin plus précisément un voyage l'année de mes 9 ans! Je l'ai tellement lu que je le connais par cœur. C'est donc avec un très grand plaisir que je l'ai offert à mon grand maintenant qu'il lit tout seul!
Rendez-moi mes poux c'est une histoire d'amitié rigolote entre Mathieu et ses poux, un bon moyen de dédramatiser l'arrivée des petites bêtes à l'école et sur la tête de nos loustics.
C'est aussi la triste réalité de ce petit garçon, livré à lui-même avec des parents trop souvent absents. Ce livre date de 1984 mais l'histoire est encore bien d'actualité...

"ABCD signes" de Bénédicte Gourdon

"Les livres de la collection Signes sont des imagiers bilingues qui créent un pont entre deux univers. Celui des sourds et celui des entendants. Autour d'un seul monde : le nôtre."

Ce livre a été écrit par Bénédicte Gourdon, psychologue de l'enfance, en collaboration avec Roger Rodriguez formateur en Langue Française des Signes (LSF). Il est illustré par Chamo.

Un livre très coloré avec des illustrations rigolotes, pour sensibiliser les enfants à la langue des signes. Il contient un imagier de mots traduits en LSF et un poster de l'alphabet en LSF.
Apprendre à parler avec les mains devient amusant et naturel, comme d'apprendre à compter en anglais à la maternelle!
Je précise que je n'ai aucune personne sourde dans mon entourage. Ce livre a été offert à mon fils pour ses 7 ans car il voulait apprendre à parler avec les mains. 

"A la sieste tout le monde" de Yuichi Kasano

"Un matelas au soleil, puis un chat dessus, une grand-mère ensuite, une poule et ses poussins, un petit garçon, un chien, une chèvre, des cochons et tous viennent sur ce carré de douceur pour dormir comme des bienheureux."

Une jolie histoire pleine d'animaux et des dessins japonais très réalistes.
Une drôle de sieste pour enfants de 2 à 5 ans!

mardi 1 novembre 2011

"L'instinct du mal" de Patricia Cornwell

"Kay Scarpetta, experte en sciences légales sur CNN, est conseillère auprès du médecin en chef de l'institut médico-légal de New York. Le producteur de CNN souhaite que Scarpetta lance une nouvelle émission. Mais cette notoriété accrue semble à l'origine d'une série d'événements inattendus. Quand elle intervient en direct au sujet d'une affaire médiatique, la disparition et la mort présumée d'une millionnaire, elle reçoit un appel surprenant d'une téléspectatrice, ancienne patiente de son mari Benton Wesley. De retour chez elle, il y a un inquiétant paquet. La menace, qui pèse sur la vie de Scarpetta, l'entraîne dans une enquête haletante qui implique un acteur célèbre accusé d'un crime sexuel, et également sa nièce Lucy, qui aurait eu des liens avec la millionnaire disparue...".

 Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un Patricia Cornwell et j'ai retrouvé avec plaisir les personnages habituels : Scarpetta, Benton, Lucy, Marino, etc.

 Comme dans tous ses livres, P. Cornwell nous accroche grâce à :
- une intrigue qui tient en haleine,
- des rebondissements,
- des relations humaines sincères,
- une écriture agréable,
- beaucoup de documentation et de précisions techniques, sans que cela soit lourd.

Bref, tous les ingrédients d'un bon polar!

Au delà de l'intrigue policière, P. Cornwell insère dans son livre, son ressenti sur la situation des Etats-Unis, en lien avec le 11 septembre et la récente crise financière, notamment à la page 465. Quelques extraits :

"des devantures de restaurants occultées de gros papier marron, des avis de faillite ou de saisie apposés sur leurs portes, des ventes en liquidation, des magasins ou des appartements à louer."

"La Bourse représentée sous forme d'un gros œuf qui se fracassait au sol."

Et pour finir, nous, "petits blogueurs", en prenons pour notre grade (p 505) : 
"Tu peux bavarder pendant des heures de choses dépourvues d'affect, insignifiantes. Les machines, l'intangible cyberespace, les gens qui peuplent ces lieux de non-existence - des ombres comme je les appelle -,qui gaspillent leur temps sur Twitter, papotant, bloguant, blablatant, ne parlant de rien et à personne."

Sur ce, je vais arrêter de perdre mon temps devant mon écran et je vais me plonger dans mon livre suivant!!

samedi 22 octobre 2011

"La rue Cases-Nègres" de Joseph Zobel

«Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain... Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»

La rue Cases-Nègres est un grand classique de la littérature antillaise. Joseph Zobel y raconte sa propre histoire et à travers elle, celle de toute une génération de "nègres" qui ont fait évoluer leurs conditions dans le pays.
La vie de José débute au milieu des champs de cannes à sucre, aux côtés de sa grand-mère M'man Tine. Là, avec tous les enfants de son âge, il joue avec insouciance et veut travailler dans les champs pour gagner quelques sous. Sa grand-mère elle, souhaite lui offrir une chance de ne pas finir au service des "békés" et économise pour l'envoyer à l'école. 
A partir de ce moment, sa vie prend un autre tournant et en grandissant, on suit son évolution et surtout ses réflexions sur son pays, sur la servitude de son peuple et la domination des blancs.

La rue Cases-Nègres est un roman très enrichissant car Joseph Zobel y livre son propre regard, son vécu sur la Martinique des années 30 à 50. Il est parfois dure avec son peuple quand il comprend que les nègres se complaisent dans le service aux blancs.
C'est aussi un une histoire pleine de tendresse et de reconnaissance pour sa grand-mère et sa mère qui ont tout fait pour lui offrir une chance de réussir.

Il me reste à trouver le film...

vendredi 14 octobre 2011

"Le cahier bleu" de James A. Levine

"Vendue à neuf ans par son père, Batuk n'a pour seul horizon qu'une unique rue de Bombay. Et pour toute compagnie les clients qui viennent assouvir leurs pulsions sur une jeune fille dont le seul tort est d'être jolie. Mais au fond de la case qui lui sert de chambre, Batuk cache un véritable trésor. Un petit cahier bleu qu'elle a réussit à dissimuler à cette vieille bique de Mamaki.
Que peut donc raconter une prostituée de quinze ans dans un journal intime ? Son existence, avec la philosophie d'une femme ; ses rêves, avec le regard d'une petite fille. Il suffit parfois de quelques grammes de papier pour s'accrocher à la vie..."




Un petit livre pour une histoire choc dont on ne sort pas indemne.
La vie de Batuk est celle de tous ces jeunes indiennes, et indiens, livrés à la prostitution dès leur plus jeune âge.

L'écriture est franche, crue. James A.Levine ne cherche pas à épargner le lecteur. Il lui livre, sans ménagement, les horreurs vécues par Batuk.

C'est une histoire tragique. Pourtant son destin aurait pu être autre. Par un heureux hasard et sa grande détermination, Batuk apprend à lire et à écrire lors d'un séjour à l’hôpital. 
A sa sortie, livrée au plus offrant, elle va se servir du pouvoir de l'écriture pour se libérer de son quotidien de prostituée et raconter ses rêves de petite fille...

Une belle leçon. 
Un court roman difficile à lire.

"Le monde peut changer en un jour, ou même en une seconde".

"Les yeux jaunes des crocodiles" de Katherine Pancol

"Ce roman se passe à Paris. Et pourtant on y croise des crocodiles. Ce roman parle des hommes. Et des femmes. Celles que nous sommes, celles que nous voudrions être, celles que nous ne serons jamais, celles que nous deviendrons peut-être. Ce roman est l'histoire d'un mensonge. Mais aussi une histoire d'amours, d'amitiés, de trahisons, d'argent, de rêves. Ce roman est plein de rires et de larmes. Ce roman, c'est la vie".
 
 
 
"Ce livre est une bourrasque de vie... Un baiser brûlant du seul qu’on ne doit pas embrasser… Deux bras qui enlacent ou qui tuent… Un homme inquiétant, mais si charmant… Une femme qui tremble et espère ardemment... Un homme qui ment si savamment… Une femme qui croit mener la danse, mais passe son tour… Des adolescents plus avertis que les grands... Un homme qui joue les revenants… Un père, là-haut dans les étoiles… qui murmure à l’oreille de sa fille... Un chien si laid qu’on s’écarte sur son passage… Des personnages qui avancent obstinément... comme des petites tortues entêtées… qui apprendraient à danser lentement, lentement… dans un monde trop rapide, trop violent..."

"Souvent la vie s’amuse.
Elle nous offre un diamant, caché sous un ticket de métro ou le tombé d’un rideau. Embusqué dans un mot, un regard, un sourire un peu nigaud.
Il faut faire attention aux détails. Ils sèment notre vie de petits cailloux et nous guident. Les gens brutaux, les gens pressés, ceux qui portent des gants de boxe ou font gicler le gravier, ignorent les détails. Ils veulent du lourd, de l’imposant, du clinquant, ils ne veulent pas perdre une minute à se baisser pour un sou, une paille, la main d’un homme tremblant.
Mais si on se penche, si on arrête le temps, on découvre des diamants dans une main tendue… Et la vie n’est plus jamais triste. Ni le samedi, ni le dimanche, ni le lundi…
"

Je ne sais pas si il est nécessaire de présenter cette trilogie... A force d'en entendre parler partout, je me suis laissée tenter!

Le premier livre m'a beaucoup plu. J'ai plongé dans la vie de Joséphine sans retenue! Le ton est juste, l'écriture fluide, les péripéties amusantes. Une vraie bouffée de bonne humeur.
Le deuxième et le troisième m'ont moins enchantée. Dans le premier, la vie de Joséphine est ordinaire. Dans les autres, Katherine Pancol va chercher des situations extrêmes, complexes...moins proches de nous. Certains passages sont beaucoup trop longs! Le personnage de Junior m'a franchement fatigué et ses dons de "voyance" à la fin du troisième m'ont exaspérés...dommage...

Un bilan mitigé donc pour moi...

Malgré tout, j'aime la façon d'écrire et de raconter de K. Pancol et je vais surement me laisser tenter par ces autres livres.

dimanche 9 octobre 2011

"L'espace : livre jeu" de Jill Sawyer et Tim Wesson

"Voici un ouvrage qui peut se lire dans un sens… et se jouer dans l’autre !
Ouvrez-le côté livre et vous découvrirez plein d’informations sur l’espace : les planètes, le système solaire, les étoiles ; ouvrez-le côté jeu, dépliez : un formidable jeu de l’oie, de 2 mètres 80 de long, apparaît. Juste avant le jeu, une page abrite quatre pions-espace (une fusée, deux martiens, un pistolet de l’espace) et une toupie-dé, à monter très facilement, pour évoluer dans le jeu.
"

Le week-end dernier, nous avons profité des derniers jours de soleil pour découvrir le livre reçu lors de la dernière opération Masse Critique du site Babelio...il fallait de la place et du soleil!!
La partie livre est une explication très simple et bien illustrée du système solaire, des planètes, des étoiles, etc.
Parfait pour une première approche de l'univers! Cela nous a donné envie de réaliser une maquette!

La partie jeu est très sympa également : sa taille est originale!! Le plateau est très coloré, les personnages sont amusants et le jeu est bien équilibré entre pièges et bonus!
Nous avons vraiment passé de bons moments dans l'espace!

Mes enfants ont 4 et 7 ans. Le plus grand a surtout apprécié le livre qui lui a appris des choses et la plus petite, grande fan de jeux de société, a adoré le jeu.

Merci Babelio et les éditions Le Pommier pour ce partenariat!



mardi 27 septembre 2011

"L'armée furieuse" de Fred Vargas

"Cette nuit-là, dit-elle lentement, Lina a vu passer l’Armée furieuse.
- Qui ?
- L’Armée furieuse, répéta la femme à voix basse. Et Herbier y était. Et il criait. Et trois autres aussi.
- C’est une association ? Quelque chose autour de la chasse ?
Madame Vendermot regarda Adamsberg, incrédule.
- L’Armée furieuse, dit-elle à nouveau tout bas. La Grande Chasse. Vous ne connaissez pas ?
- Non, dit Adamsberg en soutenant son regard stupéfait.
- Mais vous ne connaissez même pas son nom ? La Mesnie Hellequin ? chuchota-t-elle.
- Je suis désolé, répéta Adamsberg. Veyrenc, l’armée furieuse, vous connaissez cette bande ? La fille de Mme Vendermot a vu le disparu avec elle.
- Et d’autres, insista la femme.
Un air de surprise intense passa sur le visage du lieutenant Veyrenc. Comme un homme à qui on apporte un cadeau très inattendu. - Votre fille l’a vraiment vue ? demanda-t-il. Où cela ?
- Là où elle passe chez nous. Sur le chemin de Bonneval. Elle a toujours passé là.
- La nuit ?
- C’est toujours la nuit qu’elle passe.
Veyrenc retint discrètement le commissaire.
- Jean-Baptiste, demanda-t-il, vraiment tu n’as jamais entendu parler de ça ? Adamsberg secoua la tête.
- Eh bien, questionne Danglard, insista-t-il.
- Pourquoi ?
- Parce que, pour ce que j’en sais, c’est l’annonce d’une secousse. Peut-être d’une sacrée secousse."

 Enfin un nouveau Fred Vargas! Nous retrouvons avec délice les personnages habituels, (Adamsberg, Danglard, Rétencourt, etc) leurs petites manies et leurs caractères bien particuliers. Ils sont comme toujours accompagnés d'une ribambelle de personnages secondaires, tous plus atypiques les uns que les autres.
L'action se déroule en Normandie et si, en bonne normande, j'ai parfois un peu grincé des dents devant la caricature des normands, j'ai bien apprécié l'ambiance : campagne, verdure et...vaches!!

Tous les ingrédients d'un bon Vargas sont présents dans ce dernier opus : les personnages, l'encrage dans une région, une légende : la Mesnie Hellequin, des enquêtes qui se croisent et une intrigue aux multiples coupables possibles...
Rien de bien innovant mais en même temps ce n'est pas nécessaire puisque c'est toujours une réussite!


Une bon moment de lecture.

vendredi 16 septembre 2011

"Notre-Dame-des-Lettres" de Fémi Peters

"L'adolescent, fasciné, avait écouté le guide régional leur parler d'un couvent un peu particulier qui se trouvait à l'orée du village. Un couvent qui n'accueillait que des écrivains..."

Pour la petite histoire, Notre-Dame-des-Lettres est le premier roman de Fémi Peters, qu'elle a souhaité faire voyager entre les fidèles du site Babelio. Je l'ai donc reçu dans ce cadre et je m'apprête à l'envoyer à la personne suivante!

Notre-Dame-des-Lettres raconte l'histoire de Willy, jeune garçon de 16 ans qui souhaite intégrer un couvent un peu particulier : un couvent d'écrivains. La sélection d'entrée se fait en fonction des productions littéraires du prétendant qui, après un an en tant que novice, fera vœux d'écriture, de lecture et de culture.

L'idée du livre est très bien trouvée et originale. Fémi a pensé à beaucoup de détails sur la vie dans ce couvent : la lecture pendant le repas, la chambre de frustration, les broderies sur les robes, etc. 
On a comme l'impression d'entrer dans le rêve de Fémi!!
Les personnages sont bien construits et on les suit avec plaisir : les relations, pas toujours si faciles, entre Willy et les frères et sœurs du couvent, mais aussi, ses contacts avec les quelques personnages extérieurs.

J'ai eu plus de mal à entrer dans la deuxième partie du livre. Je ne vais pas en révéler le contenu mais je n'ai pas été séduite par les idées défendues haut et fort par Willy. Cette comparaison, un peu poussée, à la religion m'a un peu dérangée même si je comprends très bien et adhère au message défendu derrière tout ça!!

Tout le livre nous montre que Fémi est une amoureuse des livres. De nombreuses citations sont présentes et bien utilisées notamment en titre pour les chapitres.

Pour conclure, un très bon premier roman qui déborde d'amour pour les livres et la littérature.

J'ai passé un très bon moment et voici l'idée qui me plait le plus : "Et si j'osais rêver, je verrais bien un couvent de lecteurs..."!!
 Vous pouvez en lire un extrait ici.
 

mardi 13 septembre 2011

"Terre de femmes, 33 voix de la poésie féminine haïtienne" Editions Bruno Doucey

"Une moisson de prix littéraires et le séisme du 12 janvier 2010 ont permis à un large public de découvrir la vitalité de la littérature haïtienne. Des écrivains comme Dany Laferrière, Lyonel Trouillot ou Gary Victor ont rejoint Jacques Roumain et René Depestre au Panthéon des identités créoles, toutes masculines. Mais qu en est-il des femmes ? Quelle place leur poésie occupe-t-elle en Haïti ? Pour la première fois, un éditeur répond à cette question. Trente-cinq voix, venues d Haïti, des États-Unis, du Québec et de France conjuguent la poésie de langue française au féminin... Et au pluriel, tant sont diverses leurs tonalités et leurs sources d inspiration. De Virginie Sampeur, née au milieu du XIXème siècle, à Kettly Mars, de Yannick Jean à Emmelie Prophète, chacune d elles ouvre le chemin d une nouvelle espérance : celle qui permet, dans le chaos que l on sait, de «dessiner des portes de sortie»."

Cet ouvrage comprend en fait, un livre et un CD. Je ne vais parler ici que de ce dernier que j'ai reçu dans le cadre d'un partenariat avec le site des agents littéraires
Un petit mot sur ce site avant de commencer : le blog a pour but de faire connaître les livres des éditeurs indépendants et des auteurs auto-édités. Il fonctionne grâce à des partenariats. Nous recevons donc des livres en échange de critiques et d'une diffusion sur différents sites afin de les faire connaître au plus grand monde.

J'ai donc reçu le CD "Terre de femmes, 33 voix de la poésie féminine haïtienne", dont les poèmes sont extraits du livre recueil, et lus par deux comédiennes :
Paula Clermont Péan, l'une des figures majeures de la scène haïtienne. Née à Cabaret en Haïti, elle a fait des études de littérature et de théâtre aux États-Unis et en France.
Céline Liger travaille pour des compagnies de théâtre vivant et aime particulièrement mettre en voix des textes poétiques.

Leurs deux voix se succèdent, sur différents rythmes musicaux pour nous faire partager les 33 poèmes de femmes haïtiennes. Ils sont tous de langues françaises mais publiés à des époques différentes de l'Histoire d'Haïti : pendant l'indépendance, l'occupation américain, la période Duvalier jusqu'à aujourd'hui, au lendemain du séisme du 12 janvier 2010.
Le livre comme le CD, ont pour but, de faire entendre la voix de femmes haïtiennes. Celles, qui, pour des raisons familiales, laissent de côté leur art, ou ne le pratique que dans les rares périodes de répit que leur permet leur rôle de femme et mère.

Les 33 poèmes choisis ont des thèmes divers mais tous nous montrent l'attachement au pays et à sa culture. Beaucoup de ces femmes vivent maintenant en France, au Québec ou ailleurs, mais leurs textes sont imprégnés de cette île : les sons, les couleurs, les odeurs, la musique, les danses, les paysages :

"S'il me fallait au monde, présenté mon pays,
je dirai la beauté, la douceur et la grâce,
de ces matins chantants, 
de ces soirs glorieux."
Marie-Thérèse Colimon (1973)

"La musique au salon
Les jeunes filles se déhanchent
Les jeunes femmes balancent mollement les hanches
Les vieilles femmes chuchotent, chuchotent..."
Célie Diaquoi-Deslandes (1969)

« La terre a soulevé mon cœur
d’un mouvement sec et violent
elle l’a déchiré
éparpillant mille morceaux
comme larmes d’oiseaux errants
aux quatre vents de mon île
et depuis
chaque nuit
j’entends les battements
hésiter à mi-chemin
entre décombres
et étoiles ».
 Évelyne Trouillot (2010)

Un bel hommage aux femmes haïtiennes, et à toutes les femmes. 
Un seul regret : ne pas avoir le livre entre les mains pour suivre plus facilement la lecture des poèmes et surtout en découvrir bien d'autres... Je vais surement me laisser tenter par un achat!

Merci aux Agents littéraires et aux éditions Sous la lime et Bruno Doucey.

lundi 12 septembre 2011

"Terezin Plage" de Morten Brask

"Dès son arrivée à Terezin en 1943, camp modèle que les nazis utilisent pour rassurer l’opinion publique sur le sort réservé aux Juifs par le Führer, Daniel Faigel, jeune médecin danois hanté par un lourd passé, se retrouve plongé en enfer. Car contrairement à ce qu’en dit la propagande allemande, les conditions de vie dans ce camp de concentration sont terribles, et la ville sert de zone de transit vers les camps d’extermination. Daniel passe ses journées à essayer d’arracher à la mort et aux déportations vers l’est quelques-uns de ses patients. Parmi eux se trouve Ludmilla. L’improbable amour qui nait entre eux leur donne à chacun la force de supporter un quotidien ponctué par la peur de faire partie du prochain convoi, dont on sait qu’on ne reviendra pas."

Voici mon premier livre de la rentrée littéraire et je remercie le site News Book et les éditions Presses de la cité pour ce partenariat.

Terezin Plage est un roman basé sur des faits réels et sur la vie de Ralph Oppenheim au camp de Terezin. Les nazis ont voulu en faire une sorte de façade pour les organismes humanitaires : activités culturelles, hôpitaux, maisons, bref, une colonie juive qui se veut libre et qui abrite des juifs célèbres (musiciens, écrivains, etc.). La réalité est tout autre bien sûr : baraquements, famine, épidémies. Le camp de Terezin a fait beaucoup de victimes et il a également servi de camp de transit vers les camps d'extermination.
Daniel, jeune médecin danois se retrouve donc dans ce camp. Le récit alterne entre sa vie sur place et des souvenirs de son passé. 
Terezin Plage décrit l'horreur des camps de concentration : les baraquements surpeuplés, la faim et le froid, etc. Daniel en tant que médecin travaille dans l'un des hôpitaux du camp : les maladies sont partout, les patients sont tellement nombreux qu'ils dorment dans les couloirs ou les escaliers. Et puis, il y a les convois et la peur de voir son nom ou celui d'un proche inscrit sur la liste.

Mais au delà de cette description, Morten Brask met surtout en avant la rencontre entre Daniel et Ludmilla, et l'histoire d'amour qui, malgré la situation tragique, va leur permettre de supporter plus facilement leur destin.
Au fil de leur histoire, Daniel se rappelle son enfance entre un père, juge à la cour suprême, très autoritaire, et une mère dépressive. 
"Je lui montre mon vieil album de photographies. Dans les moments fébriles que j'avais passés dans mon appartement, me préparant à fuir vers la Suède, cet album avait été la seule chose importante qu'il me soit venu à l'idée d'emporter."

Les sujets du livre sont difficiles mais Morten Brask les adoucit avec cette belle histoire d'amour et une écriture simple et fluide. Un nouveau récit sur la seconde guerre mondiale et notamment sur le sort des juifs danois, presque tous déportés dans ce camp de Terezin. Il s'agit du premier livre de fiction de Morten Brask, une belle réussite.

Quelques infos sur le camp de Terezin ici.

jeudi 1 septembre 2011

"Easter parade" de Richard Yates

"Filles d'un couple divorcé, Sarah et Emily Grimes vivent une enfance maussade, ballottée entre diverses banlieues petites-bourgeoises de New York, qui flattent les aspirations sociales de leur mère perpétuellement déconcertée par la vie. Elles se rêveraient bien un père éditorialiste du Sun mais comprennent vite qu'il ne sera jamais qu'un " simple préparateur de copie ". Au sortir de l'adolescence, Sarah, la préférée de leur père, la plus jolie et la plus sensible, entame une histoire d'amour avec le fils de leurs voisins, un beau parti élevé dans une école privée anglaise. Sur une photographie datée de 1941, lors de l'Easter Parade, le couple est immortalisé dans tout l'éclat de sa jeunesse. Un avenir radieux semble s'offrir à lui. Trop différentes pour être proches, les deux soeurs suivent chacune leur chemin, sans vraiment perdre le lien. Jusqu'à ce qu'une série d'événements tragiques n'oblige Emily à remettre leur relation en perspective..."

Le ton du livre est donné dès la première phrase : "Aucune des deux sœurs Grimes ne serait heureuse dans la vie."
Richard Yates brosse un portrait de l'Amérique des années 40-50, au travers des choix de vie de Sarah et Emily Grimes. Pendant leur enfance, les 2 sœurs semblent plutôt soudées face à leur vie de famille disloquée. Adultes, elles vont prendre des chemins bien différents. Sarah, l'aînée représente l'Amérique catholique et sage. Elle se marie jeune et vierge avec un jeune homme "prometteur". Ils représentent à eux deux l'image du couple modèle. Ils s'établissent dans la maison des beaux-parents et donnent naissance à 3 beaux garçons. Les apparences sont trompeuses et on comprend vite que tout ceci n'est qu'une façade pour une réalité bien triste.
Émilie, la femme libérée, collectionne les conquêtes et les boulots à la recherche du grand amour et de la stabilité, sans réussir à s'approcher de l'un ou l'autre...
Leurs chemins se croisent par moment autour du 3ème portrait de femme : leur mère.

Richard Yates a un œil très péjoratif sur la classe moyenne de l'Amérique des années d'après guerre et surtout sur la place de la femme : paradoxe entre la libération sexuelle, la réussite professionnelle et la vie de famille.  L'alcool est omniprésent, ainsi que les violences conjugales et des hommes tous plus pitoyables les uns que les autres.

Bref, un portrait bien noir et pourtant écrit avec une délicatesse et un réalisme très plaisant. La première phrase fait que nous n'attendons pas de happy end. Nous sommes de simples spectateurs de cette décadence.

samedi 27 août 2011

"La voie Marion" de Jean-Philippe Mégnin

"Marion a réalisé son rêve : elle a ouvert sa librairie, bien à elle, au cœur du Chamonix de ses vacances de petite fille. Elle croit à la promesse d'une vie heureuse, avec son guide de mari. Au fil du temps, pourtant, le ciel s'assombrit au-dessus des neiges éternelles. Et encore... elle ne sait pas ce que le passé lui réserve."

 Un livre pour les amoureux de la montagne, ceux dont le cœur s'emballe dès qu'ils aperçoivent un sommet... Je me suis baladée au milieu des pics  (les Grands Charmoz, le Grépon, l'M, les Petits, les Ciseaux, le Fou, le Maudit, le Dôme, etc.), à la rencontre des marmottes et de ce couple auquel on s'identifie forcément un peu. 
C'est divinement bien écrit, par un homme, qui comprend si bien les sentiments de Marion et la douleur de ce couple qui, face à un sommet infranchissable, fond comme neige au soleil...
Un petit livre qui se lit très vite (1 h) mais qui dit beaucoup avec des mots simples.
J'ai été très sensible à cet amour de la montagne, aux souvenirs d'enfance dans une maison familiale nichée dans un paysage magnifique : "Toute petite, j'avais noué avec cette maison magique des liens absolus. Parce qu'elle était, hors du temps, l'asile des vacances; parce qu'elle ouvrait sur le plus délirant des paysages; parce qu'on y voyait naître les tempêtes." (p77)
Un peu comme celle-ci...!

Il s'agit du premier roman de Jean-Philippe Mégnin, publié par les éditions le dilettante qui semble avoir d'autres petits bijoux à découvrir!

mercredi 24 août 2011

"Rosa Candida" de Audur Ava Olafsdottir

"Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile."

En toute discrétion, ce roman nous emmène en voyage avec Arnljotur. Un voyage pour rejoindre un monastère et sa roseraie délaissée, mais surtout un voyage intérieur pour ce jeune homme dont la vie a basculé deux fois en peu de temps. 
Un livre sur le deuil, la différence, le rôle du père, l'amour...et bien d'autres choses encore.
Une écriture toute simple et pudique qui laisse pourtant ressortir de nombreux sentiments et émotions. On suit Arnljotur dans son cheminement, de ses conversations téléphoniques culinaires avec son père, aux découvertes cinéphiles avec le frère Thomas, sans oublier la rencontre avec sa fille Flora Sol.
De la poésie aux douces odeurs de cuisine et de roses.

"Les petits secrets d'Emma" de Sophie Kinsella

"Ce n'est pas qu'Emma soit menteuse, c'est juste qu'elle a des petits secrets. Des trucs pas bien méchants. Par exemple, elle fait un bon 40, pas du 36. Elle trouve que Connor, son petit ami, ressemble étrangement au Ken de Barbie. Elle ne supporte pas les strings. Elle a très légèrement embelli son CV. Elle déteste sa cousine Kerry. Et avec Connor, au lit, c'est pas franchement l'extase. Bref, rien de bien méchant, mais plutôt mourir que de l'avouer.
Mourir ? Justement ! Lors d'un voyage en avion passablement mouvementé, Emma croit bien voir sa dernière heure arriver. Prise de panique, elle déballe tout au séduisant inconnu assis à côté d'elle.
Sans savoir que l'inconnu en question est l'un de ses proches..."


Les petits secrets d'Emma est le premier livre que je lis de Sophie Kinsella, l'auteur de l'accro du shopping.
Je le recommande pour tous ceux qui ont besoin d'une bonne dose de bonne humeur et d'humour!!
On est loin du grand roman mais bien proche de nos vies de tous les jours! Chacun se reconnaîtra un peu dans le personnage d'Emma, une vraie gaffeuse, certainement cousine de Bridget Jones. On rit beaucoup, on s'attendrit un peu...c'est pétillant et léger!
Un livre pour les filles, pour se détendre et sortir un peu de notre quotidien!!

"Baguettes chinoises" de Xinran

"Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre !" C'est ce cri qui a donné envie à Xinran d'écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville.Trois, Cinq et Six n'ont guère fait d'études, mais il y a une chose qu'on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n'a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu'un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont des poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison.
Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s'ouvrent sur un monde totalement nouveau ; les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants...
Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l'argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde.
C'est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d'un pays, la Chine, que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l'avions jamais vue ainsi."

3 jeunes filles et 3 portraits pour décrire la Chine contemporaine. Dans leur village, donner naissance à des filles est une honte. Elles sont inutiles et jetables comme de simples baguettes. Mais en ville, une autre vie peut s'offrir à elles. Elles vont alors essayer de trouver un sens à leur vie et même la plus illettrée des trois, un peu simple d'esprit va découvrir qu'elle peut être utile et indispensable.
Xinran rend hommage aux filles chinoises qui ont eu le courage de quitter leurs villages pour prouver à leur famille qu'elles sont aussi importantes que des garçons.
C'est également un bel hommage aux mères, qui n'ont que peu de mots à dire dans l'éducation et l'avenir de leurs filles. Ces femmes qui n'ont pas eu la possibilité de découvrir un autre monde que leur village.
On réalise le décalage entre le monde urbain occidentalisé et le milieu rural, parfois très proche, qui vit encore sur de vieilles traditions.
Une belle écriture pour ce roman très proche du documentaire.


mercredi 10 août 2011

"Deux petits pas sur le sable mouillé" de Anne-Dauphine Julliand

"L'histoire commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa petite fille marche d'un pas un peu hésitant, son pied pointant vers l'extérieur. Après une série d'examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d'une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Alors l'auteur fait une promesse à sa fille : " Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres petites filles, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d'amour. ". Ce livre raconte l'histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu'un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. "

Ce récit est bien évidemment bouleversant. Lorsque la maladie touche de si jeunes enfants, on se révolte, on s'indigne de cette injustice. La famille de Thais, elle, va aller de l'avant et placer le bonheur de leur fille et l'amour avant la maladie et les larmes. 
L'écriture est juste, touchante et pleine d'émotions, nous sommes très loin du pathos. Les larmes viennent effleurer nos yeux lorsqu'Anne-Dauphine Julliand raconte les moments d'accablement mais elles sont aussitôt séchées par son courage et sa volonté de reprendre le dessus pour ses filles.
Il leur a fallu un courage incroyable pour accompagner Thais dans les derniers mois de sa vie et en même temps se battre pour vaincre la maladie d'Azilis.
La petite Thais est extraordinaire. On s'étonne de ses réactions, de la facilité avec laquelle elle accepte tous les bouleversements de sa vie. Elle perd la motricité, la parole, la vue, l'ouïe, mais elle reste une petite fille pleine de vie et d'envie de jouer. Elle apprend aux adultes à accepter sa situation et à ne pas avoir peur de la mort.
Par Thais, mais aussi par son grand frère Gaspard et sa petite sœur Azilis, on réalise que les enfants ont souvent beaucoup de choses à nous apprendre. Ils n'ont pas la même vision de la mort, ils vivent l'instant présent et ne se préoccupe pas de l'avenir. Anne-Dauphine et son mari vont très bien entendre cette façon d'affronter la maladie et vont essayer de prendre chaque jour, l'un après l'autre, pour gravir leur Everest et accepter l'avenir. Comme le dit si bien Gaspard dont la lucidité et la justesse m'ont frappée : "C'est pas grave la mort. C'est triste mais c'est pas grave".

Ce livre, c'est aussi l'histoire d'une famille très soudée et très entourée : la famille, les amis, les équipes médicales, chacun va essayer de soulager leur quotidien par une présence et une attention très touchante. 

Un magnifique message d'amour d'une mère pour ses deux petites filles. 
Un bel hymne à la vie. 
Une philosophie qui devrait tous nous habiter :
Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu'on ne peut plus ajouter de jours à la vie.
 
Pour en savoir plus sur les leucodystrophies et soutenir l'association ELA, rendez-vous sur leur site officiel.

"Saint-Denis bout du monde" de Samuel Zaoui

"Un événement vient brutalement troubler la fière ascension de Souhad, une jeune femme hyper diplômée et parfaitement intégrée: son père décide soudain de rentrer au bled, et lui demande d'arroser les plantes dans sa petite maison de Saint-Denis. Quelques heures et rencontres plus tard, la jeune femme, avec trois de ces petits vieux, part en camionnette conduite par un grand Noir taciturne, pour un voyage parfaitement improbable... Un roman écrit dans une langue magistrale, où tous les mots sonnent juste, pour nous raconter une histoire terrible, et très belle."

Le père de Souhad lui demande de venir arroser ses fleurs pendant son absence, et quelle absence, il a décidé de retourner au bled après des années passées en France. Cette demande anodine va plonger Souhad dans le quotidien de son père et de tous les immigrés en France. Grâce à "3 petits vieux et un grand noir", elle va tenter de comprendre la vie de son père : ses choix, sa résignation et surtout, la raison de son départ si soudain. Ils entament, tous les cinq, une traversée de la France comme pour faire à l'envers le chemin qui les a conduit jusqu'à Saint-Denis. On visite alors tous les sites qui ont eu besoin de main d’œuvre bon marché : les chantiers de Saint-Nazaire, les mines de Saint-Étienne, l'usine peugeot de Montbéliard, etc. Chacun se remémore ce qu'il a vécu dans tel ou tel lieu et l'on constate les changements sur chaque site : robotisation, fermeture, les immigrés de l'Est ont pris la place de ceux d'Afrique du Nord, etc. 

 Souhad réalise alors la vie menée par son père et les autres "petits vieux" qui ne sont pas d'ici mais qui ne sont plus de là-bas. Ils ne seront jamais intégrés dans la société française. Ils sont venus chercher du travail et on les a utilisés, trimbalés d'une usine à une autre suivant les besoins. On ne leur a rien offert, aucune possibilité d'évolution, seulement la peur : 
"Elle pense avec dégoût que c'est ça la vie d'immigré, que ça : la peur. Toute la vie. La peur des jeunes, la peur de la police, la peur de mal faire, de mal dire, de répondre et de se taire. La peur de rentrer, de rester, de bouger ou d'être immobile. La peur des femmes, des chiens, des patrons et de leurs enfants, de la pluie et des mobylettes".
Ils ont tellement honte de ce qu'ils sont devenus qu'ils n'osent plus rentrer au pays. Ils vivent leur vie par procuration :
"Des photos à la place des enfants. De l'argent à la place des mots. Des souvenirs à la place de tout".

Ce parcours n'est pas anodin. Souhad va comprendre que chacun a une bonne raison de vouloir aller ici ou là, la même raison qui a conduit son père a reprendre, enfin, le chemin du bled.

Un bel hommage à tous ces petits vieux d'Afrique du Nord ou d'ailleurs.

mercredi 3 août 2011

"Quand souffle le vent du nord" de Daniel Glattauer

"En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur. Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement. Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre…"

J'ai lu de nombreuses critiques de ce livre, des bonnes et des mauvaises. Ces dernières ne m'ont pas dissuadée de le lire, j'étais persuadée qu'il me plairait...Une histoire d'amour par internet, c'est ma génération!! Et bien malheureusement...je me suis trompée...je me suis ennuyée... Je pensais être emportée dans un échange de mails fiévreux où l'on ressent le besoin irrationnel de recevoir des mails, les attentes impatientes devant son écran. Et j'ai lu une correspondance bien plate entre Emmi et Léo. Je ne suis pas entrée dans leur désir ou leurs états d'âme. Ils disent que l'attente de la réponse de l'autre est stressante, pressante, mais on ne le ressent pas dans leurs messages.
J'avoue avoir bien aimé l'épisode de la "rencontre" et les échanges qui ont suivi. Je me suis dit qu'il y avait de l'imagination, la recherche d'une étape pas commune dans la rencontre entre un homme et une femme. J'espérai que la suite en apporterai autant mais malheureusement, le reste c'est "je veux te voir/pas moi, je ne veux pas te voir/moi si"...je caricature mais on en est pas loin! C'est un peu fatiguant, lassant.
Comme Léo le dit lui-même, ce qui manque à Emmi "c'est juste un peu d'aventure extraconjugale dans la tête, des cosmétiques pour votre vie sentimentale sans apprêt." J'aime beaucoup cette expression. Je pense que dans un couple, chacun est libre de faire ce qu'il veut dans sa tête...chacun à le droit à sa bulle pour s'évader de sa vie de couple.  Mais de là à demander à une tierce personne d'être cette pensée, c'est un peu différent!
La fin est bien trouvée, elle m'a plu! Mais je reste sur ma faim...je n'ai pas du tout était transportée avec eux et je n'ai pas l'impression qu'ils aient vécu une grande histoire d'amour...

dimanche 31 juillet 2011

Le don d'Anna de Cecilia Samartin

"Adam va mourir. Avec lui Anna perd son grand amour. Eux qui avaient mis tant d’années à se l’avouer…
Alors elle se souvient, elle repense à sa vie passée, et aux événements qui l’ont menée là : son enfance dans un Salvador en proie à la guerre civile, le massacre de sa mère et des habitants de son village par la junte, l’orphelinat, l’exil vers les États-Unis, le couvent…
Puis cette décision de sœur Josepha de la placer comme nourrice pour s’occuper des deux enfants d’Adam et Lillian Trevis, riche famille californienne. Comment imaginer qu’elle en deviendrait le véritable ange gardien ?
Lorsque Lilian quitte le domicile conjugal, Adam avoue à Anna les sentiments qu’il lui porte. Mais leur amour est mis à mal par les réactions de la famille. Anna se fixe un dernier but : réconcilier le père et le fils."

Pour commencer, j'ai reçu ce livre dans le cadre d'un partenariat avec le site Bibliofolie. J'en profite donc pour promouvoir un peu ce nouveau site issu de l'ancienne équipe de Blog O Book. Partenariats, critiques de livre, lectures communes...beaucoup de propositions autour de la lecture. Un site dynamique que je recommande à tout le monde!

Premier partenariat et grand coup de cœur.
Anna veille son grand amour atteint d'un cancer... Les personnes se succèdent dans la grand maison pour venir dire adieu à cet homme respectable et apprécié de tous. Anna se remémore sa vie, les grandes étapes et les rencontres qui l'ont conduites jusqu'à cet instant.
Originaire du Salavador, elle survit, grâce à sa mère, au massacre de tout son village. Recueillie par Sœur Josepha après un nouveau massacre, elle atterrit aux Etats-Unis où elle souhaite s'engager dans les ordres. C'est pour elle une évidence, Dieu l'a épargnée 2 fois pour qu'elle se consacre à Lui.
La mère supérieure souhaite toutefois qu'elle connaisse autre chose que le couvent et la place comme nourrice dans la riche famille Trevis. Les 6 mois prévus se transformeront en 20 ans. Anna devient vite indispensable à cette famille à l'équilibre fragile. Les enfants ont besoin d'elle : le petit garçon Teddy, indomptable par ses parents ou le reste du personnel de la maison, et la petite fille Jessie qui a bien du mal à trouver sa place au sein de la famille. Mais le rôle d'Anna va aller bien plus loin que son emploi de nourrice. Elle va devenir la confidente de la maison, celle auprès de qui chacun cherche du réconfort et de l'apaisement. Anna va également découvrir des sentiments qu'elle n'imaginait pas ressentir un jour. Elle repoussera toujours son départ, jusqu'au jour où, les enfants partis faire leurs études et les parents divorcés, elle annoncera enfin sa décision de partir à M. Trevis. Sa vie va alors prendre un dernier virage inattendu.

Une histoire émouvante et bouleversante. Anna est une personne hors de commun. On comprend tout à fait son envie de devenir religieuse, elle semble faite pour ça : douce, humble, dévouée et totalement altruiste. C'est assez incroyable de voir à quel point elle se sacrifie pour les autres, oubliant ses propres sentiments et ses propres envies. Elle fait toujours passer le bonheur des autres avant le sien. La famille Trevis va pourtant la mettre à rudes épreuves, les embuches seront nombreuses mais elle ne sortira jamais de sa ligne de conduite. Pourtant, je me suis surprise vers la fin à souhaiter qu'elle fasse une entorse, s’énerve un bon coup pour remettre chacun à sa place, et leur ouvrir les yeux sur leur comportement et leur égoïsme. Elle va le faire un tout petit peu mais toujours de sa manière douce et prévenante.
L'écriture de Cecilia Samartin est à l'image d'Anna : douce, fluide et émouvante. Je n'ai pas relevé de citation en particulier car à mon sens, tout le roman mérite d'être cité!!
Une histoire débordante d'amour, d'émotions et de sagesse. Anna embellit et apaise la vie de son entourage. Le livre embellit et apaise la vie de son lecteur.

Si je ne vous ai pas totalement convaincu, vous pouvez lire les premières pages sur le site des éditions L'Archipel.

Merci aux éditions L'Archipel et à Bibliofolie pour ce partenariat et cette magnifique découverte.

Lecture de l'été...!

Entre les vacances et la reprise du travail, dur dur de trouver le temps de poster mes lectures!
Je lis, je lis, mais je n'arrive pas à suivre pour les critiques!
Je vais donc faire une petite liste des livres finis, ou en attente sur ma pile, et les posts viendront un peu après!!

Katherine Pancol : les yeux jaunes des crocodiles (je pense que la critique attendra que j'ai lu les 2 autres!!)
Xinran : Baguettes chinoises
Georges Simenon : Sept petites croix dans un carnet.
Cécilia Samartin : Le don d'Anna (partenariat Bibliofolie)
Daniel Glattauer : Quand souffle le vent du nord
Samuel Zaoui : Saint-Denis bout du monde
Audur Ava Olafsdottir : Rosa Candida
Fred Vargas : L'armée furieuse

Je pense profiter de l'absence des enfants pour me rattraper...et lire encore plus!!!

dimanche 24 juillet 2011

"L'ami retrouvé" de Fred Uhlman

"Agé de seize ans, Hans Schwartz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescense. C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique."
 
Beaucoup d'émotion et de vérité dans ce livre pourtant très court. C'est l'histoire d'une amitié, entre 2 jeunes garçons, mise à mal par l'Histoire... Ils fréquentent tous les 2 un collège huppé et sont issus de familles respectables, mais l'un est juif, et l'autre, non seulement n'est pas juif, mais sa mère approuve les pensées hitlériennes. 
Les premiers mois de guerre vont creuser un fossé entre ce jeune juif et ses camarades de classe. Ses parents vont préférer l'envoyer aux Etats-Unis pour lui épargner le sort réservé aux juifs. Il apprendra, bien des années plus tard, le destin de ses anciens camarades et de son meilleur ami.

De son écriture simple, Fred Uhlman, nous livre un petit bijou qui permet de mieux appréhender la montée du nazisme. Ce livre est souvent conseillé aux adolescents dans les collèges et lycées...et je ne le lis que maintenant...quel dommage!