mercredi 24 août 2011

"Baguettes chinoises" de Xinran

"Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre !" C'est ce cri qui a donné envie à Xinran d'écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville.Trois, Cinq et Six n'ont guère fait d'études, mais il y a une chose qu'on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n'a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu'un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont des poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison.
Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s'ouvrent sur un monde totalement nouveau ; les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants...
Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l'argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde.
C'est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d'un pays, la Chine, que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l'avions jamais vue ainsi."

3 jeunes filles et 3 portraits pour décrire la Chine contemporaine. Dans leur village, donner naissance à des filles est une honte. Elles sont inutiles et jetables comme de simples baguettes. Mais en ville, une autre vie peut s'offrir à elles. Elles vont alors essayer de trouver un sens à leur vie et même la plus illettrée des trois, un peu simple d'esprit va découvrir qu'elle peut être utile et indispensable.
Xinran rend hommage aux filles chinoises qui ont eu le courage de quitter leurs villages pour prouver à leur famille qu'elles sont aussi importantes que des garçons.
C'est également un bel hommage aux mères, qui n'ont que peu de mots à dire dans l'éducation et l'avenir de leurs filles. Ces femmes qui n'ont pas eu la possibilité de découvrir un autre monde que leur village.
On réalise le décalage entre le monde urbain occidentalisé et le milieu rural, parfois très proche, qui vit encore sur de vieilles traditions.
Une belle écriture pour ce roman très proche du documentaire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire