"Un événement vient brutalement troubler la fière ascension de Souhad, une jeune femme hyper diplômée et parfaitement intégrée: son père décide soudain de rentrer au bled, et lui demande d'arroser les plantes dans sa petite maison de Saint-Denis. Quelques heures et rencontres plus tard, la jeune femme, avec trois de ces petits vieux, part en camionnette conduite par un grand Noir taciturne, pour un voyage parfaitement improbable... Un roman écrit dans une langue magistrale, où tous les mots sonnent juste, pour nous raconter une histoire terrible, et très belle."
Le père de Souhad lui demande de venir arroser ses fleurs pendant son absence, et quelle absence, il a décidé de retourner au bled après des années passées en France. Cette demande anodine va plonger Souhad dans le quotidien de son père et de tous les immigrés en France. Grâce à "3 petits vieux et un grand noir", elle va tenter de comprendre la vie de son père : ses choix, sa résignation et surtout, la raison de son départ si soudain. Ils entament, tous les cinq, une traversée de la France comme pour faire à l'envers le chemin qui les a conduit jusqu'à Saint-Denis. On visite alors tous les sites qui ont eu besoin de main d’œuvre bon marché : les chantiers de Saint-Nazaire, les mines de Saint-Étienne, l'usine peugeot de Montbéliard, etc. Chacun se remémore ce qu'il a vécu dans tel ou tel lieu et l'on constate les changements sur chaque site : robotisation, fermeture, les immigrés de l'Est ont pris la place de ceux d'Afrique du Nord, etc.
Souhad réalise alors la vie menée par son père et les autres "petits vieux" qui ne sont pas d'ici mais qui ne sont plus de là-bas. Ils ne seront jamais intégrés dans la société française. Ils sont venus chercher du travail et on les a utilisés, trimbalés d'une usine à une autre suivant les besoins. On ne leur a rien offert, aucune possibilité d'évolution, seulement la peur :
"Elle pense avec dégoût que c'est ça la vie d'immigré, que ça : la peur. Toute la vie. La peur des jeunes, la peur de la police, la peur de mal faire, de mal dire, de répondre et de se taire. La peur de rentrer, de rester, de bouger ou d'être immobile. La peur des femmes, des chiens, des patrons et de leurs enfants, de la pluie et des mobylettes".
Ils ont tellement honte de ce qu'ils sont devenus qu'ils n'osent plus rentrer au pays. Ils vivent leur vie par procuration :
"Des photos à la place des enfants. De l'argent à la place des mots. Des souvenirs à la place de tout".
Ce parcours n'est pas anodin. Souhad va comprendre que chacun a une bonne raison de vouloir aller ici ou là, la même raison qui a conduit son père a reprendre, enfin, le chemin du bled.
Un bel hommage à tous ces petits vieux d'Afrique du Nord ou d'ailleurs.
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