«Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain... Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain... Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»
La rue Cases-Nègres est un grand classique de la littérature antillaise. Joseph Zobel y raconte sa propre histoire et à travers elle, celle de toute une génération de "nègres" qui ont fait évoluer leurs conditions dans le pays.
La vie de José débute au milieu des champs de cannes à sucre, aux côtés de sa grand-mère M'man Tine. Là, avec tous les enfants de son âge, il joue avec insouciance et veut travailler dans les champs pour gagner quelques sous. Sa grand-mère elle, souhaite lui offrir une chance de ne pas finir au service des "békés" et économise pour l'envoyer à l'école.
A partir de ce moment, sa vie prend un autre tournant et en grandissant, on suit son évolution et surtout ses réflexions sur son pays, sur la servitude de son peuple et la domination des blancs.
La rue Cases-Nègres est un roman très enrichissant car Joseph Zobel y livre son propre regard, son vécu sur la Martinique des années 30 à 50. Il est parfois dure avec son peuple quand il comprend que les nègres se complaisent dans le service aux blancs.
C'est aussi un une histoire pleine de tendresse et de reconnaissance pour sa grand-mère et sa mère qui ont tout fait pour lui offrir une chance de réussir.
Il me reste à trouver le film...
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