samedi 27 août 2011

"La voie Marion" de Jean-Philippe Mégnin

"Marion a réalisé son rêve : elle a ouvert sa librairie, bien à elle, au cœur du Chamonix de ses vacances de petite fille. Elle croit à la promesse d'une vie heureuse, avec son guide de mari. Au fil du temps, pourtant, le ciel s'assombrit au-dessus des neiges éternelles. Et encore... elle ne sait pas ce que le passé lui réserve."

 Un livre pour les amoureux de la montagne, ceux dont le cœur s'emballe dès qu'ils aperçoivent un sommet... Je me suis baladée au milieu des pics  (les Grands Charmoz, le Grépon, l'M, les Petits, les Ciseaux, le Fou, le Maudit, le Dôme, etc.), à la rencontre des marmottes et de ce couple auquel on s'identifie forcément un peu. 
C'est divinement bien écrit, par un homme, qui comprend si bien les sentiments de Marion et la douleur de ce couple qui, face à un sommet infranchissable, fond comme neige au soleil...
Un petit livre qui se lit très vite (1 h) mais qui dit beaucoup avec des mots simples.
J'ai été très sensible à cet amour de la montagne, aux souvenirs d'enfance dans une maison familiale nichée dans un paysage magnifique : "Toute petite, j'avais noué avec cette maison magique des liens absolus. Parce qu'elle était, hors du temps, l'asile des vacances; parce qu'elle ouvrait sur le plus délirant des paysages; parce qu'on y voyait naître les tempêtes." (p77)
Un peu comme celle-ci...!

Il s'agit du premier roman de Jean-Philippe Mégnin, publié par les éditions le dilettante qui semble avoir d'autres petits bijoux à découvrir!

mercredi 24 août 2011

"Rosa Candida" de Audur Ava Olafsdottir

"Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile."

En toute discrétion, ce roman nous emmène en voyage avec Arnljotur. Un voyage pour rejoindre un monastère et sa roseraie délaissée, mais surtout un voyage intérieur pour ce jeune homme dont la vie a basculé deux fois en peu de temps. 
Un livre sur le deuil, la différence, le rôle du père, l'amour...et bien d'autres choses encore.
Une écriture toute simple et pudique qui laisse pourtant ressortir de nombreux sentiments et émotions. On suit Arnljotur dans son cheminement, de ses conversations téléphoniques culinaires avec son père, aux découvertes cinéphiles avec le frère Thomas, sans oublier la rencontre avec sa fille Flora Sol.
De la poésie aux douces odeurs de cuisine et de roses.

"Les petits secrets d'Emma" de Sophie Kinsella

"Ce n'est pas qu'Emma soit menteuse, c'est juste qu'elle a des petits secrets. Des trucs pas bien méchants. Par exemple, elle fait un bon 40, pas du 36. Elle trouve que Connor, son petit ami, ressemble étrangement au Ken de Barbie. Elle ne supporte pas les strings. Elle a très légèrement embelli son CV. Elle déteste sa cousine Kerry. Et avec Connor, au lit, c'est pas franchement l'extase. Bref, rien de bien méchant, mais plutôt mourir que de l'avouer.
Mourir ? Justement ! Lors d'un voyage en avion passablement mouvementé, Emma croit bien voir sa dernière heure arriver. Prise de panique, elle déballe tout au séduisant inconnu assis à côté d'elle.
Sans savoir que l'inconnu en question est l'un de ses proches..."


Les petits secrets d'Emma est le premier livre que je lis de Sophie Kinsella, l'auteur de l'accro du shopping.
Je le recommande pour tous ceux qui ont besoin d'une bonne dose de bonne humeur et d'humour!!
On est loin du grand roman mais bien proche de nos vies de tous les jours! Chacun se reconnaîtra un peu dans le personnage d'Emma, une vraie gaffeuse, certainement cousine de Bridget Jones. On rit beaucoup, on s'attendrit un peu...c'est pétillant et léger!
Un livre pour les filles, pour se détendre et sortir un peu de notre quotidien!!

"Baguettes chinoises" de Xinran

"Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre !" C'est ce cri qui a donné envie à Xinran d'écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois sœurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville.Trois, Cinq et Six n'ont guère fait d'études, mais il y a une chose qu'on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n'a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu'un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont des poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison.
Mais quand les trois sœurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s'ouvrent sur un monde totalement nouveau ; les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de mœurs et la sophistication des habitants...
Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l'argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde.
C'est du cœur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d'un pays, la Chine, que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois sœurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l'avions jamais vue ainsi."

3 jeunes filles et 3 portraits pour décrire la Chine contemporaine. Dans leur village, donner naissance à des filles est une honte. Elles sont inutiles et jetables comme de simples baguettes. Mais en ville, une autre vie peut s'offrir à elles. Elles vont alors essayer de trouver un sens à leur vie et même la plus illettrée des trois, un peu simple d'esprit va découvrir qu'elle peut être utile et indispensable.
Xinran rend hommage aux filles chinoises qui ont eu le courage de quitter leurs villages pour prouver à leur famille qu'elles sont aussi importantes que des garçons.
C'est également un bel hommage aux mères, qui n'ont que peu de mots à dire dans l'éducation et l'avenir de leurs filles. Ces femmes qui n'ont pas eu la possibilité de découvrir un autre monde que leur village.
On réalise le décalage entre le monde urbain occidentalisé et le milieu rural, parfois très proche, qui vit encore sur de vieilles traditions.
Une belle écriture pour ce roman très proche du documentaire.


mercredi 10 août 2011

"Deux petits pas sur le sable mouillé" de Anne-Dauphine Julliand

"L'histoire commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa petite fille marche d'un pas un peu hésitant, son pied pointant vers l'extérieur. Après une série d'examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d'une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Alors l'auteur fait une promesse à sa fille : " Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres petites filles, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d'amour. ". Ce livre raconte l'histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu'un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. "

Ce récit est bien évidemment bouleversant. Lorsque la maladie touche de si jeunes enfants, on se révolte, on s'indigne de cette injustice. La famille de Thais, elle, va aller de l'avant et placer le bonheur de leur fille et l'amour avant la maladie et les larmes. 
L'écriture est juste, touchante et pleine d'émotions, nous sommes très loin du pathos. Les larmes viennent effleurer nos yeux lorsqu'Anne-Dauphine Julliand raconte les moments d'accablement mais elles sont aussitôt séchées par son courage et sa volonté de reprendre le dessus pour ses filles.
Il leur a fallu un courage incroyable pour accompagner Thais dans les derniers mois de sa vie et en même temps se battre pour vaincre la maladie d'Azilis.
La petite Thais est extraordinaire. On s'étonne de ses réactions, de la facilité avec laquelle elle accepte tous les bouleversements de sa vie. Elle perd la motricité, la parole, la vue, l'ouïe, mais elle reste une petite fille pleine de vie et d'envie de jouer. Elle apprend aux adultes à accepter sa situation et à ne pas avoir peur de la mort.
Par Thais, mais aussi par son grand frère Gaspard et sa petite sœur Azilis, on réalise que les enfants ont souvent beaucoup de choses à nous apprendre. Ils n'ont pas la même vision de la mort, ils vivent l'instant présent et ne se préoccupe pas de l'avenir. Anne-Dauphine et son mari vont très bien entendre cette façon d'affronter la maladie et vont essayer de prendre chaque jour, l'un après l'autre, pour gravir leur Everest et accepter l'avenir. Comme le dit si bien Gaspard dont la lucidité et la justesse m'ont frappée : "C'est pas grave la mort. C'est triste mais c'est pas grave".

Ce livre, c'est aussi l'histoire d'une famille très soudée et très entourée : la famille, les amis, les équipes médicales, chacun va essayer de soulager leur quotidien par une présence et une attention très touchante. 

Un magnifique message d'amour d'une mère pour ses deux petites filles. 
Un bel hymne à la vie. 
Une philosophie qui devrait tous nous habiter :
Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu'on ne peut plus ajouter de jours à la vie.
 
Pour en savoir plus sur les leucodystrophies et soutenir l'association ELA, rendez-vous sur leur site officiel.

"Saint-Denis bout du monde" de Samuel Zaoui

"Un événement vient brutalement troubler la fière ascension de Souhad, une jeune femme hyper diplômée et parfaitement intégrée: son père décide soudain de rentrer au bled, et lui demande d'arroser les plantes dans sa petite maison de Saint-Denis. Quelques heures et rencontres plus tard, la jeune femme, avec trois de ces petits vieux, part en camionnette conduite par un grand Noir taciturne, pour un voyage parfaitement improbable... Un roman écrit dans une langue magistrale, où tous les mots sonnent juste, pour nous raconter une histoire terrible, et très belle."

Le père de Souhad lui demande de venir arroser ses fleurs pendant son absence, et quelle absence, il a décidé de retourner au bled après des années passées en France. Cette demande anodine va plonger Souhad dans le quotidien de son père et de tous les immigrés en France. Grâce à "3 petits vieux et un grand noir", elle va tenter de comprendre la vie de son père : ses choix, sa résignation et surtout, la raison de son départ si soudain. Ils entament, tous les cinq, une traversée de la France comme pour faire à l'envers le chemin qui les a conduit jusqu'à Saint-Denis. On visite alors tous les sites qui ont eu besoin de main d’œuvre bon marché : les chantiers de Saint-Nazaire, les mines de Saint-Étienne, l'usine peugeot de Montbéliard, etc. Chacun se remémore ce qu'il a vécu dans tel ou tel lieu et l'on constate les changements sur chaque site : robotisation, fermeture, les immigrés de l'Est ont pris la place de ceux d'Afrique du Nord, etc. 

 Souhad réalise alors la vie menée par son père et les autres "petits vieux" qui ne sont pas d'ici mais qui ne sont plus de là-bas. Ils ne seront jamais intégrés dans la société française. Ils sont venus chercher du travail et on les a utilisés, trimbalés d'une usine à une autre suivant les besoins. On ne leur a rien offert, aucune possibilité d'évolution, seulement la peur : 
"Elle pense avec dégoût que c'est ça la vie d'immigré, que ça : la peur. Toute la vie. La peur des jeunes, la peur de la police, la peur de mal faire, de mal dire, de répondre et de se taire. La peur de rentrer, de rester, de bouger ou d'être immobile. La peur des femmes, des chiens, des patrons et de leurs enfants, de la pluie et des mobylettes".
Ils ont tellement honte de ce qu'ils sont devenus qu'ils n'osent plus rentrer au pays. Ils vivent leur vie par procuration :
"Des photos à la place des enfants. De l'argent à la place des mots. Des souvenirs à la place de tout".

Ce parcours n'est pas anodin. Souhad va comprendre que chacun a une bonne raison de vouloir aller ici ou là, la même raison qui a conduit son père a reprendre, enfin, le chemin du bled.

Un bel hommage à tous ces petits vieux d'Afrique du Nord ou d'ailleurs.

mercredi 3 août 2011

"Quand souffle le vent du nord" de Daniel Glattauer

"En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur. Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement. Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre…"

J'ai lu de nombreuses critiques de ce livre, des bonnes et des mauvaises. Ces dernières ne m'ont pas dissuadée de le lire, j'étais persuadée qu'il me plairait...Une histoire d'amour par internet, c'est ma génération!! Et bien malheureusement...je me suis trompée...je me suis ennuyée... Je pensais être emportée dans un échange de mails fiévreux où l'on ressent le besoin irrationnel de recevoir des mails, les attentes impatientes devant son écran. Et j'ai lu une correspondance bien plate entre Emmi et Léo. Je ne suis pas entrée dans leur désir ou leurs états d'âme. Ils disent que l'attente de la réponse de l'autre est stressante, pressante, mais on ne le ressent pas dans leurs messages.
J'avoue avoir bien aimé l'épisode de la "rencontre" et les échanges qui ont suivi. Je me suis dit qu'il y avait de l'imagination, la recherche d'une étape pas commune dans la rencontre entre un homme et une femme. J'espérai que la suite en apporterai autant mais malheureusement, le reste c'est "je veux te voir/pas moi, je ne veux pas te voir/moi si"...je caricature mais on en est pas loin! C'est un peu fatiguant, lassant.
Comme Léo le dit lui-même, ce qui manque à Emmi "c'est juste un peu d'aventure extraconjugale dans la tête, des cosmétiques pour votre vie sentimentale sans apprêt." J'aime beaucoup cette expression. Je pense que dans un couple, chacun est libre de faire ce qu'il veut dans sa tête...chacun à le droit à sa bulle pour s'évader de sa vie de couple.  Mais de là à demander à une tierce personne d'être cette pensée, c'est un peu différent!
La fin est bien trouvée, elle m'a plu! Mais je reste sur ma faim...je n'ai pas du tout était transportée avec eux et je n'ai pas l'impression qu'ils aient vécu une grande histoire d'amour...