jeudi 1 septembre 2011

"Easter parade" de Richard Yates

"Filles d'un couple divorcé, Sarah et Emily Grimes vivent une enfance maussade, ballottée entre diverses banlieues petites-bourgeoises de New York, qui flattent les aspirations sociales de leur mère perpétuellement déconcertée par la vie. Elles se rêveraient bien un père éditorialiste du Sun mais comprennent vite qu'il ne sera jamais qu'un " simple préparateur de copie ". Au sortir de l'adolescence, Sarah, la préférée de leur père, la plus jolie et la plus sensible, entame une histoire d'amour avec le fils de leurs voisins, un beau parti élevé dans une école privée anglaise. Sur une photographie datée de 1941, lors de l'Easter Parade, le couple est immortalisé dans tout l'éclat de sa jeunesse. Un avenir radieux semble s'offrir à lui. Trop différentes pour être proches, les deux soeurs suivent chacune leur chemin, sans vraiment perdre le lien. Jusqu'à ce qu'une série d'événements tragiques n'oblige Emily à remettre leur relation en perspective..."

Le ton du livre est donné dès la première phrase : "Aucune des deux sœurs Grimes ne serait heureuse dans la vie."
Richard Yates brosse un portrait de l'Amérique des années 40-50, au travers des choix de vie de Sarah et Emily Grimes. Pendant leur enfance, les 2 sœurs semblent plutôt soudées face à leur vie de famille disloquée. Adultes, elles vont prendre des chemins bien différents. Sarah, l'aînée représente l'Amérique catholique et sage. Elle se marie jeune et vierge avec un jeune homme "prometteur". Ils représentent à eux deux l'image du couple modèle. Ils s'établissent dans la maison des beaux-parents et donnent naissance à 3 beaux garçons. Les apparences sont trompeuses et on comprend vite que tout ceci n'est qu'une façade pour une réalité bien triste.
Émilie, la femme libérée, collectionne les conquêtes et les boulots à la recherche du grand amour et de la stabilité, sans réussir à s'approcher de l'un ou l'autre...
Leurs chemins se croisent par moment autour du 3ème portrait de femme : leur mère.

Richard Yates a un œil très péjoratif sur la classe moyenne de l'Amérique des années d'après guerre et surtout sur la place de la femme : paradoxe entre la libération sexuelle, la réussite professionnelle et la vie de famille.  L'alcool est omniprésent, ainsi que les violences conjugales et des hommes tous plus pitoyables les uns que les autres.

Bref, un portrait bien noir et pourtant écrit avec une délicatesse et un réalisme très plaisant. La première phrase fait que nous n'attendons pas de happy end. Nous sommes de simples spectateurs de cette décadence.

4 commentaires:

  1. Pas trop frustrant, justement, d'être placé d'entrée de jeu comme simple spectateur par l'auteur ?

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  2. Non non, pas de frustration. Le déroulement du livre est vraiment intéressant ;-)

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  3. Je confirme, malgré le début sans concession, ce livre est très bon

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  4. L' Amérique catholique??? On parle dans le livre d'église épiscopale (donc protestante) et le fils devient révérend...

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