« Avec ce livre, je veux montrer qu’on peut renoncer à la fatalité, ne
pas vivre sa différence comme une injustice, mais comme une force et un
point d’appui. J’ai eu la chance de rencontrer sur ma route des
personnes d’autres milieux sociaux, qui ont cru en moi et m’ont aidé à
grandir. Mon histoire est la démonstration que tout est possible, à
condition de le vouloir et d’oser faire un pas vers l’autre. Ce livre
est un message d’espoir mais aussi une alerte : aujourd’hui, les
quartiers sont étrangement calmes. Jamais la situation des jeunes n’y a
été aussi dure. Il est urgent de leur tendre la main. »
J'ai reçu ce livre, avec un peu de retard, dans le cadre de Masse Critique du mois de mai sur Babelio. Je l'ai terminé juste avant l'annonce de la création des "zones de sécurité prioritaires" et du déclenchement des émeutes d'Amiens... Un livre plus que d'actualité donc...
Abdel Belmokadem est né et a grandit à Vaux-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. Très vite il cherche à se démarquer des autres et grâce à sa rage de vaincre, il progresse dans le monde de la boxe, ce qui lui permet de sortir un peu de son quartier.
Le jour où il devient enfin boxeur professionnel, il décide de tout arrêter. Il galère d'un boulot à un autre quand se déclenchent les émeutes de 1990. Avec quelques potes, il sillonne le quartier et tente de faire revenir le calme. La mairie du Vaux-en-Velin lui offre, en 1993, le premier poste de médiateur.
Après plusieurs années sur ce poste, il crée sa propre entreprise "nes&cité", qui vient en aide aux jeunes des quartiers dans toutes les zones urbaines sensibles. Il met sa démarche et son expérience au service des Communes ou des entreprises qui le sollicitent.
Le constat d'Abdel Belmokadem est celui-ci :
"Le fait de grandir à l'intérieur d'un quartier pendant quinze ou vingt ans crée des cloisonnement dans la tête. Du coup, quand tu as vingt ans et que tu dois aller à la mission locale ou au Pôle Emploi, qui se trouve dans le centre-ville, à cinq minutes en bus, c'est un expédition. En plus c'est un territoire que tu ne connais pas, dont tu ne maîtrise pas les codes. Mentalement, ça suffit pour faire barrage."
Pour lui, le solution ne viendra pas d'un renforcement policier mais bien d'un accompagnement des jeunes, parfois individuellement, vers l'emploi.
Adepte de jeux d'échec, il avance ses pions un à un dans les quartiers grâce au sport, à l'emploi et aux différents médiateurs qu'il forme. Sa connaissance de la vie de quartier et du fonctionnement des groupes lui permet d'isoler les "suiveurs" pour les réinsérer et ensuite approcher les leaders.
Il amène les jeunes vers l'emploi mais sans leur fournir clé en main. Il facilite les rencontres avec les entreprises grâce à ses opérations "Jobs et cité" mais il ne peut pas passer l'entretien à leur place, à eux de savoir se vendre. Il les entraîne parfois comme pour un match de boxe.
"Si ça n'a pas marché, si t'es pas content, c'est qu'il y a un problème. Il faut l'identifier. Pour une partie, le problème vient peut-être de nous, mais pour une autre, il vient sans doute de toi. Sur notre partie, je veux bien qu'on regarde, mais sur la tienne, j'aimerais aussi qu'on en parle. Tu n'y arriveras que si tu te poses la question."
"Si ça n'a pas marché, si t'es pas content, c'est qu'il y a un problème. Il faut l'identifier. Pour une partie, le problème vient peut-être de nous, mais pour une autre, il vient sans doute de toi. Sur notre partie, je veux bien qu'on regarde, mais sur la tienne, j'aimerais aussi qu'on en parle. Tu n'y arriveras que si tu te poses la question."
Chef d'entreprise, élu municipal, il reste surtout un homme de terrain qui va vers les jeunes, vers les élus et les entreprises, pour créer du lien et faire tomber les préjugés.
Vu le contexte des derniers jours, ce livre devrait être mis entre les mains de tous nos dirigeants nationaux et locaux. Pour ma part, je vais le laisser trainer un peu sur mon bureau à la mairie!
"Si je tends la main aux jeunes des quartiers, c'est parce que beaucoup l'ont fait avec moi. De Philippe Oddou à Saïd, tous m'ont éduqué, dans le bon sens du terme : ils m'ont passé le témoin. Moi, je tends la main à quelqu'un d'autre, je lui passe le témoin, et si on fait ça de main en main, de quartier en quartier, de génération en génération, on finira par gagner la partie."
"Si je tends la main aux jeunes des quartiers, c'est parce que beaucoup l'ont fait avec moi. De Philippe Oddou à Saïd, tous m'ont éduqué, dans le bon sens du terme : ils m'ont passé le témoin. Moi, je tends la main à quelqu'un d'autre, je lui passe le témoin, et si on fait ça de main en main, de quartier en quartier, de génération en génération, on finira par gagner la partie."
Merci à Babelio, aux éditions Anne Carrière et à nes & cité.
Merci à Abdel Belmokadem de partager son expérience.
Merci à Abdel Belmokadem de partager son expérience.
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