"Pour garder vive la mémoire de sa grand-mère tout juste disparue, la
narratrice se réfugie dans son boudoir, où se sont entassés au fil des
ans lettres, dessins et carnets. La fantaisie, la liberté et la
générosité de la vieille dame qui pendant toute la guerre du Liban a
refusé, malgré les objurgations de sa famille, de quitter sa maison et
son jardin, situés sur la ligne de démarcation entre Beyrouth Est et
Beyrouth Ouest, s’y retrouvent tout entières. Veuve à trente et un ans,
cette encore jeune femme, d’origine arménienne, avait décidé de
consacrer sa vie aux autres, après avoir juré fidélité à son défunt
mari. Pour sa petite-fille, en instance de divorce, déchirée entre sa
quête de liberté et son besoin d’amour, elle était à la fois un point
d’ancrage et un modèle inatteignable. Au fil du roman va pourtant
apparaître, derrière la figure idéalisée, une femme plus complexe et
plus mystérieuse aussi. S’arrachant à son isolement, la narratrice finit
par rejoindre dans le salon les visiteurs venus présenter leurs
condoléances, ceux qu’elle appelle les « corbeaux ». Elle y croise un
inconnu, dépité d’être arrivé trop tard pour remettre à l’occupante des
lieux l’épais dossier qu’il lui destinait. Pendant une longue
conversation sous la tonnelle, la narratrice médusée va découvrir tout
un pan caché de l’existence de sa lumineuse grand-mère."
Un roman comme je les aime. Hyam Yared nous parle de sa grand-mère, nous promène dans le Liban des années 30 à nos jours, tout en restant ouverte sur le reste du monde et les grands évènements de cette période.
Dans un style simple, chargé d'émotions, elle nous présente cette femme qui a tant compté pour elle. Une femme qui a voulu résister à la guerre et rester neutre dans tous les conflits. On ressent son attachement, son respect pour elle.
Avec l'arrivée d'Eugène, elle va découvrir un nouveau visage de sa grand-mère, une histoire qu'elle a gardé pour elle seule : son amitié amoureuse avec Youssef, son exigence envers elle-même et sa fidélité à son premier amour.
Un magnifique portrait de femme.
Un bel hommage à un petit pays bousculé tout au long de l'Histoire.
Une œuvre poétique.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Hyam Yared. On ressent ses sentiments et on s'attache aux personnages. J'avais l'impression d'être assise avec elle sous la tonnelle du jardin de sa grand-mère.
"Beyrouth Est. Beyrouth Ouest. Ta maison juste au milieu. Dans une zone fantôme désertée par les habitants."
"Druzes, maronites, juifs, chiites, sunnites, avaient tous trouvé refuge dans les monts de ce pays aussi généreux que les hanches d'Irina. Malgré toutes les bêtises et les manipulations de l'Histoire, ce pays avait toujours tenu sur ses pieds et sa pluralité."
"Le cœur ne se dit pas, il se chuchote, sans presque de voix, disais-tu. C'est un murmure de lèvres d'où aucun son ne sort et où tout est possible."
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