"C'est beau une ville la nuit n'est pas à proprement parler un roman
autobiographique ni une simple biographie d'acteur, mais bien plutôt
l'écriture d'une errance et d'une quête. " Une balade, l'œil et l'esprit
grands ouverts au vif de la ville et au droit de la vie, une route de
douleurs, de joies et finalement d'espérances. " Ce livre est un
fragment d'itinéraire de l'homme Bohringer avant même que les écrans
renvoient cette image d'une " gueule " de cinéma et que celle-ci
s'impose par la forte présence d'un comédien dont les valeurs
personnelles ne se réduisent pas à sa profession et au narcissisme
qu'elle entretient. Ouvert aux autres et amoureux de l'amitié, Richard
Bohringer, grand lecteur de Cendrars, de Kerouac ou de London, sait donc
que la raison même de l'écrivain est de mythifier la réalité de la vie,
de dire vrai même dans l'imaginaire puisque " la réalité dans tout
cela, ce sont les faits, les gens non pas tels qu'ils sont mais tels
qu'on les vit. C'est la règle du jeu. La seule avec laquelle il est
acceptable de jouer "."
Je me souviens, ado, avoir écouté la voix de Richard Bohringer, le soir, dans son émission de radio "C'est beau une ville la nuit". Quand j'écoutais cette voix si particulière, j'imaginais les souffrances, les tours et les détours d'une vie.
C'est tout ceci qu'il raconte dans son livre.
Ce n'est pas une autobiographie. Le récit est haché, il met des petits bouts de sa vie côte à côte sans lien particulier, si ce n'est l'amour et la souffrance... Il nous raconte la débâcle de sa vie après le départ de sa femme et ses premiers pas de père.
"Je cours vers toi ma fille. Tu dors dans mon lit. Dans mon grand lit bien bordé. Je cours vers toi. Pardonne-moi de t'avoir oubliée. Je cours vers toi ma vie".
Dans ce parcours difficile, il sème quelques bouts de souvenirs de son enfance sans parent (il a été élevé par sa grand-mère), des premières femmes et quelques portraits de personnes qui ont marqué sa vie.
"Quand tu souffres tu crois que tu es seul. Et quand tu es heureux tu donnes des conseils."
L'écriture est franche, brute. Il nous livre sans détour ses malaises et sa colère contre lui-même notamment dans le passage sur ses 5 ans d'héroïne. On voyage dans le parcours de cet écorché vif.
Pourtant, tout n'est pas noir, on entrevoit des petits bouts de bonheur, d'amour, et surtout l'espérance d'une vie meilleure.
"Vie je te veux. Je t'ai toujours voulue. J'avais pas le mode d'emploi. C'est pour ça que j'ai tant attendu. Pour te dire combien je t'aime. Comme si t'avais toujours eu ta place dans mon horizon. Mais comment faire pour t'aimer? Vraiment t'aimer."
Un livre fort, chargé de sentiments, qui permet de mieux comprendre l'acteur, l'homme et l'écrivain qu'il est devenu.
"Écrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s'arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points. Quand tu t'étonnes, tu peux t'exclamer, c'est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.".
Un roman lu à la fin de mon adolescence. Je n'avais pas aimé ce ton haché. Mais j'adore sa voix.
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