"Dix ans, ou peut-être onze. Enaiat ne connaît pas son âge, mais il sait
déjà qu’il est condamné à mort. Être né hazara, une ethnie haïe en
Afghanistan par les Pachtounes et les talibans, est son seul crime. Pour
le protéger, sa mère l’abandonne de l’autre côté de la frontière, au
Pakistan. Commence alors pour ce bonhomme «pas plus haut qu’une chèvre»
un périple de cinq ans pour rejoindre l’Italie en passant par l’Iran, la
Turquie et la Grèce. Louer ses services contre un bol de soupe, passer
les frontières dissimulé dans le double-fond d’un camion, braver la mer
en canot pneumatique, voilà son quotidien. Un quotidien où la débrouille
le dispute à la peur, l’entraide à la brutalité. Mais comme tous ceux
qui témoignent de l’insoutenable, c’est sans amertume, avec une
tranquille objectivité et pas mal d’ironie, qu’il raconte les étapes de
ce voyage insensé."
Enaiatollah Akbari nous raconte 5 ans de sa vie, 5 années de voyage, de peur, de souffrances mais aussi d'amitié et finalement le soulagement de l'arrivée, le début d'une nouvelle vie.
Le récit d'Enaiat est entrecoupé de petits dialogues entre lui et Fabio
Geda où l'on sent la confiance qui s'est instaurée entre eux.
Fabio Geda n'a pas cherché à romancer le récit d'Enaiat. Il le raconte brut, avec ses mots, et respecte ses choix notamment lorsqu'Enaiat ne souhaite pas s'attarder sur des descriptions car pour lui "les faits sont importants. L'histoire est importante. Ce qui change ta vie, c'est ce qui t'arrive, pas les lieux ni les gens".
Ce livre ne peut pas laisser indifférent. Le courage et l'envie de vivre de ce petit garçon, malgré l'abandon et les dangers, forcent au respect.
"Il faut toujours avoir un désir devant soi, comme une carotte devant un âne, parce que c'est en essayant de satisfaire ses désirs qu'on trouve la force de se relever, il faut toujours avoir un rêve au-dessus de la tête, quel qu'il soit, alors, la vie vaudra la peine d'être vécue."
Un beau témoignage.
Entretien avec Enaiat et Fabio Geda sur le site des éditions Liana Levi.
Le parcours d'Enaiat :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire