dimanche 29 janvier 2012

"La délicatesse" de David Foenkinos

« François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »

La délicatesse a obtenu dix prix littéraires et a été traduit dans plus de quinze langues. Il était temps que je le découvre !! En voyant la promo du film, j'ai eu envie de le lire et ma sœur me l'a offert à Noël...parfait!!

Je n'en dirai pas trop vu que tout a déjà été dit. D'après ce que j'ai lu ici ou là, je crois que soit on tombe sous le charme de Foenkinos et on adore, soit on trouve ça mièvre et on déteste.
Pour ma part j'ai beaucoup aimé ce petit livre tout simple, plein d'humour et de délicatesse...
Foenkinos traduit magnifiquement le parcours des sentiments dans la tristesse ou vers l'amour.
L'écriture est douce, subtile. Il ajoute quelques pointes d'humour savamment dosées et de nombreuses phrases d'une justesse étonnante.

"C'était à nouveau la valse des sourires. Étonnant comme parfois on prend des résolutions, on se dit que tout sera ainsi dorénavant, et il suffit d'un mouvement infime des lèvres pour casser l'assurance d'une certitude qui paraissait éternelle."

"Il savait qu'il existait des navettes entre l'île de la souffrance, celle de l'oubli, et celle, plus lointaine encore, de l'espoir."

"Chaque jour près d'elle avait été la conquête immense mais sournoise d'un véritable empire du cœur."

Un petit livre qui se lit vite pour pouvoir le relire plusieurs fois !
Je vais peut-être attendre un peu pour le film!

mercredi 25 janvier 2012

"C'est beau une ville la nuit" de Richard Bohringer

"C'est beau une ville la nuit n'est pas à proprement parler un roman autobiographique ni une simple biographie d'acteur, mais bien plutôt l'écriture d'une errance et d'une quête. " Une balade, l'œil et l'esprit grands ouverts au vif de la ville et au droit de la vie, une route de douleurs, de joies et finalement d'espérances. " Ce livre est un fragment d'itinéraire de l'homme Bohringer avant même que les écrans renvoient cette image d'une " gueule " de cinéma et que celle-ci s'impose par la forte présence d'un comédien dont les valeurs personnelles ne se réduisent pas à sa profession et au narcissisme qu'elle entretient. Ouvert aux autres et amoureux de l'amitié, Richard Bohringer, grand lecteur de Cendrars, de Kerouac ou de London, sait donc que la raison même de l'écrivain est de mythifier la réalité de la vie, de dire vrai même dans l'imaginaire puisque " la réalité dans tout cela, ce sont les faits, les gens non pas tels qu'ils sont mais tels qu'on les vit. C'est la règle du jeu. La seule avec laquelle il est acceptable de jouer "."

 Je me souviens, ado, avoir écouté la voix de Richard Bohringer, le soir, dans son émission de radio "C'est beau une ville la nuit". Quand j'écoutais cette voix si particulière, j'imaginais les souffrances, les tours et les détours d'une vie.
C'est tout ceci qu'il raconte dans son livre.
Ce n'est pas une autobiographie. Le récit est haché, il met des petits bouts de sa vie côte à côte sans lien particulier, si ce n'est l'amour et la souffrance... Il nous raconte la débâcle de sa vie après le départ de sa femme et ses premiers pas de père.
"Je cours vers toi ma fille. Tu dors dans mon lit. Dans mon grand lit bien bordé. Je cours vers toi. Pardonne-moi de t'avoir oubliée. Je cours vers toi ma vie".

Dans ce parcours difficile, il sème quelques bouts de souvenirs de son enfance sans parent (il a été élevé par sa grand-mère), des premières femmes et quelques portraits de personnes qui ont marqué sa vie.
"Quand tu souffres tu crois que tu es seul. Et quand tu es heureux tu donnes des conseils."

L'écriture est franche, brute. Il nous livre sans détour ses malaises et sa colère contre lui-même notamment dans le passage sur ses 5 ans d'héroïne. On voyage dans le parcours de cet écorché vif.
Pourtant, tout n'est pas noir, on entrevoit des petits bouts de bonheur, d'amour, et surtout l'espérance d'une vie meilleure.
"Vie je te veux. Je t'ai toujours voulue. J'avais pas le mode d'emploi. C'est pour ça que j'ai tant attendu. Pour te dire combien je t'aime. Comme si t'avais toujours eu ta place dans mon horizon. Mais comment faire pour t'aimer? Vraiment t'aimer."

Un livre fort, chargé de sentiments, qui permet de mieux comprendre l'acteur, l'homme et l'écrivain qu'il est devenu.
"Écrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s'arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points. Quand tu t'étonnes, tu peux t'exclamer, c'est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.".

dimanche 8 janvier 2012

Hommage...

Mano Solo nous a quitté le 10 janvier 2010. Il nous a laissé beaucoup de chansons, des peintures, des poèmes, et un roman. Je l'ai lu pour la première fois à sa sortie en 1996 et je l'ai relu ce week-end pour pouvoir vous le présenter aujourd'hui...

"Dehors il pleuvait.
Joseph était là sur le plancher avec la même bave qu'hier. On devait être bien avancé dans l'après midi et avec ce temps de merde il faisait déjà presque nuit. Joseph ouvrit les yeux. C'était lui, Joseph dans ce monde pourri de merde, dans cette vie à la con. Joseph sous la pluie. Joseph la plaie. Joseph le fugitif. Le mort qui parle. Le mort qui ouvre un œil. Le mort, qui se lève. Le mal de tête du mort. Enfin tout comme d'ab, quoi.
"

Défoncé jour et nuit, Joseph remonte la rivière sur sa péniche mais le déluge le fait dériver et il finit par s'accrocher à des arbres. L'attente d'une accalmie sera pour lui une longue introspection.
On y retrouve tous les thèmes que Mano Solo aborde dans ses chansons : l'amour, la haine, le désir, la mort...son combat face à la maladie, la lutte entre désespoir et rage de vivre.
" Lui qui croyait ne plus aimer la vie, son instinct l'aimait pour lui.
"Je resterai accroché par les ongles à cette vie de merde. Par pur esprit de contradiction."
"Je te ferai bouffer tes rêves, jaloux de la chance que tu as d'en avoir encore."
"Il en voulait à la vie de cette maladie sur laquelle il n'avait aucun pouvoir et qui lui gâchait le meilleur de son existence."
"J'ai mis des bougies. Le jour de ma mort, je veux qu'on mette autant de bougies autour de moi que j'avais d'années, comme ça ma mère croira que c'est mon anniversaire."

Les femmes ont une place importante dans les textes de Mano. Sur ce bateau, deux images l'accompagnent : une grande histoire d'amour et un énorme sentiment de culpabilité.
"Je ne sais plus si j'ai le droit d'insister, de dire à cette fille viens, viens ma peau ne brûlera pas tes mains, de ma bouche ne coule pas le poison."

Tout au long de cette lecture, on a l'impression d'être dans sa tête. Il nous livre ses sentiments bruts, directement sortis de son cœur, de son âme. Les mots sont forts, crus. Mano nous bouscule, nous emporte avec lui dans sa dérive. 
"Tu es si vivant qu'on ne peut t'imaginer mort."

La longue dérive de Joseph sur cette rivière, dans son corps et dans son âme, se termine sur sa rage de vivre et sur l'espoir. Un long chemin pour se pardonner et être de nouveau en paix avec lui-même...jusqu'à la prochaine dérive...
"Il s'était jugé et condamné lui-même, il était temps de se libérer sur parole, de se réinsérer dans le monde des vivants."

Ce roman est tellement imprégné de lui que sa voix nous accompagne, et comme il le disait si bien dans sa chanson Je suis venu vous voir... "tant que quelqu'un écoutera ma voix, je serai vivant dans votre monde à la con".

En ce jour anniversaire, je retiendrai tout particulièrement cette phrase :
"Ce jour-là mon âme entière remplira le monde."

J'ai découvert Mano Solo sur le plateau de Nulle Part Ailleurs en 1995 lors de la sortie de son deuxième album "Les années sombres". Il m'a toujours accompagnée depuis... J'ai eu la chance de le voir deux fois en concert dont la dernière dans la petite salle de spectacle de ma ville natale. C'était un pur moment avec un Mano fatigué par la tournée mais qui donnait sans compter. J'en garde un souvenir poignant et un beau dessin. Merci Mano pour tes chansons et ta présence.


En ce début d'année, les éditions Points Seuil publie un recueil comprenant ce roman, mais également les poèmes de son autre livre "Je suis là", ainsi qu'une cinquantaine de pages de dessins. Tous les bénéfices de la vente de ce livre seront reversés à l'association humanitaire, chère à Mano, Fazasoma qui œuvre pour lutter contre le paupérisme à Madagascar.





Et bien sûr je vais terminer en musique avec un vibrant hommage de ses potes des Têtes Raides. La qualité de la vidéo n'est pas terrible mais j'ai eu la chance de le vivre en direct au Zénith de Saint-Etienne, c'était magnifique...

"Adieu mes amis ,
je m'srai bien battu encore ,
adieu mes amours ,
priez pour moi..."

Il nous manque son Shalala...

vendredi 6 janvier 2012

"En un monde parfait" de Laura Kasischke

"Jiselle, trentenaire et toujours célibataire, croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement idyllique qu’elle accepte aussitôt, quittant les tracasseries de sa vie d’hôtesse de l’air pour celle, a priori plus apaisante, de femme au foyer. C’est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les États-Unis, lui donnant des allures de pays en état de guerre. Tandis que les événements s’accélèrent autour d’elle, l’existence de Jiselle prend un tour dramatique, l’obligeant à puiser dans ses ressources pour affronter cette situation inédite..."

Une histoire de conte de fée  : une jolie hôtesse de l'air qui épouse le séduisant commandant de bord.
Et dans les 2 premières pages un fait inattendu : la mort de Britney Spears...
Mais où va nous emmener ce livre???

La vie de Jiselle va se transformer du jour au lendemain. en épousant Mark. Elle devient à la fois femme, belle-mère et mère au foyer. Pas facile de prendre ses repères dans cette nouvelle vie lorsque son mari est plus souvent absent qu'à la maison. Il n'est pas là pour la soutenir dans ses relations avec les deux ados, Sara et Camilla. Si l'une semble faussement indifférente, l'autre est très clairement hostile. 
Malgré tout, Jiselle s'accroche, notamment grâce au petit Sam dont elle acquière rapidement la confiance. 
Tout ceci pourrait paraître banal si il n'y avait cette grippe de Phoenix qui ravage les Etats-Unis et les force à un retour en arrière brutal.
Jiselle va tenir la maison, la famille, pour leur faire traverser cette épreuve. 
Le lecteur est embarqué par la précision de Laura Kasischke pour décrire les situations mais surtout les sentiments de ses personnages.
La tension monte doucement. On se demande un peu où nous allons mais le style est agréable et on se laisse guider par l'auteur qui fait évoluer tranquillement personnage et histoire de fond.

Merci Père Noël !!

Quel plaisir de découvrir au pied du sapin de nombreux livres :

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.

La délicatesse de David Foenkinos (à lire vite avant d'aller au ciné!).

Rani de Jean Van Hamme et François Forestier (je découvre).

L'intégrale de la magnifique BD Le Chat du Rabbin de Joann Sfar (youhou!!).

et Geluck Enfonce le clou pour se détendre!

Merci merci !!

Et bonne année de lecture à toutes et à tous!

Les découvertes des triplettes : Noël, une fête pleine d'embuches

"Il paraît que le Père Noël ne visite que les enfants sages ! Pour les Triplettes et leurs compères ce n’est pas un problème car ils sont toujours exemplaires… entre deux boulettes.
Cinq histoires à lire sur le thème de Noël :
1 – Jamais de défaite 
2 – La crèche aux petites bêtes
3 – De la neige comme des paillettes 
4 – Une dinde grassouillette 
5 – Le Père Noël, une créature secrète."

Nous avons reçu ce livre dans le cadre de masse critique jeunesse sur Babelio.
C'est un petit livre composé de 5 histoires drôles et faciles à lire. Simon est en CE1 et il n'a eu aucune difficulté à le lire seul. Les mots difficiles sont expliqués.
Les triplettes nous ont accompagnés jusqu'à Noël avec leurs aventures pour décorer la maison, attraper la dinde ou encore déneiger devant chez elles.
Rien à voir avec les traditionnelles histoires de Noël sur les enfants sages...Ici on nous donne de bonnes idées de bêtises!! Et c'est ce qui a le plus plu à mes enfants!!

Merci à Babelio et aux éditions Adabam.