samedi 19 novembre 2011

"Les tilleuls mentent" de Muriel Batave-Matton

"Jeune universitaire, Sébastien a tout pour réussir et croquer la vie à pleines dents. Quelle mouche le pique alors de vouloir s'installer seul, dans la campagne corrézienne avec son chien et sa chatte, insensible aux interrogations et aux remarques de ses amis ?"

Muriel Batave-Matton, née en 1957, est professeur de Lettres dans un collège du Tarn à Albi. En 2009, suite au décès de sa mère, elle découvre les vertus thérapeutiques de l'écriture et signe coup sur coup, deux récits autobiographiques, Des mots sur mes maux et Si tu l'as mérité Gagnée par le virus de l'écriture et encouragée par ses proches, elle publie avec Les tilleuls mentent son premier roman.

Une petite bulle de douceur et une étincelle de bonheur. Voici ce que je ressens à refermant ce livre.
C'est un tout petit livre pour une petite heure d'évasion au coin du feu.
L'écriture de Muriel Batave-Matton est douce et simple. Elle nous introduit discrètement dans le vieille maison de Corrèze avec Sébastien. On s'attache vite à ce personnage que l'on sent meurtri par son passé même si rien n'est vraiment dit. D'ailleurs, l'auteure va toujours droit à l'essentiel. Les ellipses temporelles prennent un peu au dépourvu au début mais on comprend bien son but de nous emmener vite là où elle souhaite...un peu comme Sébastien.
A la lecture de ce livre, on essaye de se faire tout petit pour ne surtout pas troubler le déroulement de l'histoire : le retrait de Sébastien dans son havre de paix, la rencontre avec Gaëlle et cette belle histoire d'amour. Là encore, rien d'extravagant, juste de la sincérité et des sentiments.
Et pour ne rien gâcher, quelques pointes d'humour avec les discussions entre le chien Ouaf et la chatte Socquette. Mais cette dernière est surtout la voix de la sagesse :
"Tu es riche de ce passé, de ces racines... Les souvenirs peuvent, si tu le veux, t'aider à vivre... Laisse-les t'aider et tourne-toi vers l'avenir..."

Une jolie découverte, on est tellement bien installé qu'on aimerait  rester un peu plus longtemps.
Je suis retournée avec plaisir me promener dans les rues de Vannes...un doux retour aux sources!

Merci aux Éditions Baudelaire et au site des agents littéraires pour ce partenariat. 

"Le fils interrompu" de André Miquel

"Le fils interrompu n'est pas un roman, mais un témoignage. Ce sont les pages du journal que l'auteur a tenu presque au jour le jour, pendant un an, et qui lui a permis peut-être de survivre tandis que son fils de quatorze ans, atteint d'un cancer, se mourait sous ses yeux.
C'est une longue errance entre l'épouvante et l'espoir, un cri d'amour qui, à travers la mort de l'être aimé et malgré l'horreur de cette mort, s'achève en un acte de foi.
Face à l'agonie de son fils, un père déchiré entrevoit ce que peut être la sainteté.
"

 Je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture que je viens d'achever..c'est émouvant, dur, injuste. C'est aussi un grand message d'amour d'un père pour son fils et une belle leçon de courage et de lucidité d'un enfant qui affronte sa propre mort.
Malgré tout, l'écriture n'est pas limpide et il est parfois difficile de suivre le cours de ses pensées. Cela s'explique surement par le fait que ce n'est pas un récit mais un carnet écrit au jour le jour pendant un an.
Beaucoup de jours de douleur et de souffrance, mais aussi les souvenirs d'une famille unie et très entourée, d'une enfance heureuse trop tôt interrompue.
André Miquel et son fils Pierre ont la foi, ils s'y accrochent et y trouvent des réponses pour soulager leurs angoisses face à la mort inéluctable.
Je n'ai pas réussi à m'immerger dans cette famille comme j'ai pu le faire au travers d'autres témoignages.

Ce livre à 40 ans...et pourtant aujourd'hui encore, des enfants sont enlevés à leurs parents par ce fichu cancer...

"A l'infirmière, nous le savons maintenant, il a dit : "Qu'importe ce que je deviendrai? Tout ça servira pou d'autres."".

Un portrait d'André Miquel ICI

mardi 15 novembre 2011

"La honte de la famille" de Charles Exbrayat

"Marseille, sa couleur, son soleil et le petit monde des truands embourgeoisés gravitant autour de Maspie le Grand. Un matin, on repêche dans le Vieux-Port, le corps d'un Italien que personne n'a jamais vu et pourtant, à cause de cet inconnu, Bruno risquera de perdre et Pimprenette et la vie. Des colères terribles...des serments définitifs...des amours entêtés et, de-ci de-là, quelques cadavres."

Je découvre Charles Exbrayat avec ce livre trouvé au grenier!! Il se trouve que C. Exbrayat était de Saint-Etienne et qu'il y a maintenant un prix littéraire à son nom remis lors de la Fête du livre. Bref, une vraie découverte pour une presque stéphanoise!!

La honte de la famille est une enquête policière sur fond de mafia et de trafic en tout genre. Mais c'est un polar hors du commun. L'intrigue n'est pas la principale information du livre! C. Exbrayat donne beaucoup plus d'importance aux relations familiales cocasses et aux histoires d'amour au sein de ces familles mafieuses. Le tout avec un humour improbable!
Ce livre tient plus de la fable burlesque que du roman policier. Les caricatures sont poussées à l’extrême : Maspie le Grand le mafieux, Pimprenette la petite voleuse naïve, les trafiquants corses plus féroces mais aussi plus stupides! Et les policiers qui tentent de ramener l'ordre mais qui ont, pour cela, grand besoin de la mafia!
On assiste à la déchéance des chefs de famille qui voient leurs enfants rentrer dans le rang et leurs femmes se rebeller contre cette hiérarchie qu'elles ont toujours subie.

Un livre qui se lit vite mais qui permet de passer un bon moment! C'est amusant et distrayant mais à ne pas lire pour son côté polar!

mercredi 9 novembre 2011

"Chaque jour est un adieu" de Alain Rémond

"Je sursaute à cette seule idée : d'autres gens y habitent, dans notre maison. Et ça reste complètement insupportable. Combien de temps a-t-elle été à nous ? J'avais six ans quand on s'y est installés. J'en avais vingt-cinq à la mort de ma mère, quand elle a été vendue. Pourtant, je n'arriverai jamais à en parler autrement que de notre maison. On y a été tellement heureux et parfois, aussi, si totalement désespérés, nous tous, les dix enfants. Et nos parents. J'habite loin de Trans, maintenant, depuis longtemps, mais il m'arrive de repasser devant la maison, en tremblant. Et c'est comme si je me brûlais, en approchant de la fenêtre. Parce qu'en même temps que ce bonheur, il y a eu trop de la malheur.

 Le récit d'une enfance...une véritable histoire d'amour entre des enfants et leurs parents, entre des frères et des sœurs. A cette époque, les parents n'étaient pas habitués à parler de leurs sentiments alors tout est en non-dit. Alain Rémond comprend, parfois longtemps après, ce que ses parents ressentaient.
Il nous raconte les joies et les petits bonheurs de son enfance, dans un petit village de Bretagne. Je suis d'ailleurs passée, sans le savoir, dans ce village il y a un an et je me suis promenée à l'étang de Villecartier où il jouait étant petit! 
L'enfance qui passe trop vite :
"Tous mes jours sont des adieux. Pourquoi faut-il dire adieu, dès son enfance, à tout ce qu'on aime? Pourquoi les choses se défont-elles, pourquoi tout s'en va-t-il?"

On parle de relation entre un père et un fils, de sentiments d'enfants pour leur mère, des relations complexes entre un mari et une femme qui bousculent la tranquillité et le bonheur de cette tribu.
"Il y avait entre nous ce lien si fort de la tribu, il y avait ce bonheur de partager les mêmes rires, les mêmes histoires codées, la même mythologie. Mais, à cause de cette souffrance au cœur de la famille, de cette guerre entre nos parents, nous ne savions ni les mots ni les gestes de la tendresse. De l'amour."

Alain Rémond est né dans la France de l'après-guerre. On constate l'évolution des technologies comme l'arrivée de l'eau courante dans leur maison de 3 pièces où ils vivent à 12, mais aussi les évolutions de la société et de l'éducation.

Une histoire de famille racontée d'une bien belle manière et avec beaucoup de sensibilité. Alain Rémond nous livre ses émotions à l'état brut. C'est tellement personnel qu'on se sent parfois un peu voyeur.

Un petit livre court mais intense.

mardi 8 novembre 2011

"Homme de couleur!" de Jérôme Ruillier

" Un conte-poème tout en humour et en tendresse, transmis de génération en génération par la tradition orale africaine. Il sensibilise à la différence et bouscule les idées reçues."

Un texte bien connu, qui circule dans notre société sous différentes formes. Il est ici magnifiquement illustré pour les enfants : des dessins simples, colorés et très parlants. 
Un bon moyen d'aborder la différence et le racisme avec les enfants.
A partir de 3 ans.

"Le Passager" de Jean-Christophe Grangé

"Je suis l'ombre. 
Je suis la proie. 
Je suis le tueur. 
 Je suis la cible.
Pour m'en sortir, une seule option : fuir l'autre.
Mais si l'autre est moi-même?..."

Un très très bon Grangé, peut-être mon préféré...une bonne surprise après les quelques déceptions de ses derniers romans! 750 pages de pure délice! Des enchaînements rapides et efficaces grâce aux chapitres courts, et une enquête facile à suivre malgré ses multiples facettes.
Fait inhabituel avec JC Grangé, j'ai souvent vu venir les suites. On entrevoit certains prolongements avant qu'il ne les dévoilent vraiment...on se dit qu'on est trop fort mais est-ce que ce n'est pas seulement une ruse pour mieux nous leurrer à la fin??!
J'aime beaucoup le thème encré dans la psychologie et la soif de vérité du héros qui cherche autant à sauver sa vie qu'à savoir laquelle est vraiment la sienne.
Ce récit est plus soft que les précédents. Quelques descriptions crues mais on est loin des passages très gores de la plupart de ses livres. 
L'histoire nous fait également faire le tour de la France. Grâce à ses descriptions très précises, le lecteur à lui aussi l'impression de passer d'une ville à l'autre, et ceci dans un contexte actuel et bien encré dans la réalité (de nombreuses références à des grands évènements de ces dernières années).

Un petit bémol tout de même : pour 2 ou 3 passages (notamment la fin), je me suis dit que c'était trop : trop facile, trop poussé, trop film américain.........Et il fera sans nul doute un très bon film!!

En résumé, un Grangé qui me plait par son style différent des livres précédents!

vendredi 4 novembre 2011

"Le prince Nino à la maternouille" de Anne-Laure Bondoux

"Demain, le prince Nino entre à la maternouille et plus il y pense plus il a la trouille. Alors, quand une sorcière lui propose de rapetisser sa maman pour qu'il puisse l'emmener avec lui, il n'hésite pas une seconde. Et, hop ! le voilà à l'école avec la reine dans sa poche! Mais une maman, cela n'arrête jamais de donner des conseils, et le prince Nino en a vite assez ! Comment va-t-il supporter cette première journée ?"

Une histoire douce, bien écrite avec de chouettes illustrations. Une "belle histoire" pour dédramatiser l'entrée à l'école. Un bon support qui permet à l'enfant de s'exprimer sur ses angoisses. A lire toute l'année car c'est rigolo de voir l'évolution de l'enfant dans son rapport à l'école.
C'est aussi une histoire parfaite pour les apprentis lecteurs!

"Rendez-moi mes poux!" de Pef

"Mathieu a des poux qu'il a apprivoisés grâce à une formule magique. Il coule des jours paisibles avec eux, jusqu'au jour où sa mère découvre les intrus..."

Le livre qui a marqué ma jeunesse, enfin plus précisément un voyage l'année de mes 9 ans! Je l'ai tellement lu que je le connais par cœur. C'est donc avec un très grand plaisir que je l'ai offert à mon grand maintenant qu'il lit tout seul!
Rendez-moi mes poux c'est une histoire d'amitié rigolote entre Mathieu et ses poux, un bon moyen de dédramatiser l'arrivée des petites bêtes à l'école et sur la tête de nos loustics.
C'est aussi la triste réalité de ce petit garçon, livré à lui-même avec des parents trop souvent absents. Ce livre date de 1984 mais l'histoire est encore bien d'actualité...

"ABCD signes" de Bénédicte Gourdon

"Les livres de la collection Signes sont des imagiers bilingues qui créent un pont entre deux univers. Celui des sourds et celui des entendants. Autour d'un seul monde : le nôtre."

Ce livre a été écrit par Bénédicte Gourdon, psychologue de l'enfance, en collaboration avec Roger Rodriguez formateur en Langue Française des Signes (LSF). Il est illustré par Chamo.

Un livre très coloré avec des illustrations rigolotes, pour sensibiliser les enfants à la langue des signes. Il contient un imagier de mots traduits en LSF et un poster de l'alphabet en LSF.
Apprendre à parler avec les mains devient amusant et naturel, comme d'apprendre à compter en anglais à la maternelle!
Je précise que je n'ai aucune personne sourde dans mon entourage. Ce livre a été offert à mon fils pour ses 7 ans car il voulait apprendre à parler avec les mains. 

"A la sieste tout le monde" de Yuichi Kasano

"Un matelas au soleil, puis un chat dessus, une grand-mère ensuite, une poule et ses poussins, un petit garçon, un chien, une chèvre, des cochons et tous viennent sur ce carré de douceur pour dormir comme des bienheureux."

Une jolie histoire pleine d'animaux et des dessins japonais très réalistes.
Une drôle de sieste pour enfants de 2 à 5 ans!

mardi 1 novembre 2011

"L'instinct du mal" de Patricia Cornwell

"Kay Scarpetta, experte en sciences légales sur CNN, est conseillère auprès du médecin en chef de l'institut médico-légal de New York. Le producteur de CNN souhaite que Scarpetta lance une nouvelle émission. Mais cette notoriété accrue semble à l'origine d'une série d'événements inattendus. Quand elle intervient en direct au sujet d'une affaire médiatique, la disparition et la mort présumée d'une millionnaire, elle reçoit un appel surprenant d'une téléspectatrice, ancienne patiente de son mari Benton Wesley. De retour chez elle, il y a un inquiétant paquet. La menace, qui pèse sur la vie de Scarpetta, l'entraîne dans une enquête haletante qui implique un acteur célèbre accusé d'un crime sexuel, et également sa nièce Lucy, qui aurait eu des liens avec la millionnaire disparue...".

 Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un Patricia Cornwell et j'ai retrouvé avec plaisir les personnages habituels : Scarpetta, Benton, Lucy, Marino, etc.

 Comme dans tous ses livres, P. Cornwell nous accroche grâce à :
- une intrigue qui tient en haleine,
- des rebondissements,
- des relations humaines sincères,
- une écriture agréable,
- beaucoup de documentation et de précisions techniques, sans que cela soit lourd.

Bref, tous les ingrédients d'un bon polar!

Au delà de l'intrigue policière, P. Cornwell insère dans son livre, son ressenti sur la situation des Etats-Unis, en lien avec le 11 septembre et la récente crise financière, notamment à la page 465. Quelques extraits :

"des devantures de restaurants occultées de gros papier marron, des avis de faillite ou de saisie apposés sur leurs portes, des ventes en liquidation, des magasins ou des appartements à louer."

"La Bourse représentée sous forme d'un gros œuf qui se fracassait au sol."

Et pour finir, nous, "petits blogueurs", en prenons pour notre grade (p 505) : 
"Tu peux bavarder pendant des heures de choses dépourvues d'affect, insignifiantes. Les machines, l'intangible cyberespace, les gens qui peuplent ces lieux de non-existence - des ombres comme je les appelle -,qui gaspillent leur temps sur Twitter, papotant, bloguant, blablatant, ne parlant de rien et à personne."

Sur ce, je vais arrêter de perdre mon temps devant mon écran et je vais me plonger dans mon livre suivant!!